Le Protecteur du citoyen vient d'ouvrir une enquête sur la gestion de la crise de la listériose par les ministères de l'Agriculture et de la Santé.

Les révélations de La Presse sur l'existence de failles dans les règles de surveillance de la listériose ont contribué au déclenchement de cette enquête.

 

La protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, se penchera entre autres sur l'opération de destruction massive de fromages dans 300 points de vente. Pour le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), ce vaste rappel de produits était justifié et visait à éliminer une menace pour la santé publique.

Mais les fromagers l'accusent d'avoir pris une mesure excessive qui leur a causé des pertes énormes. Selon eux, avant d'être détruits, les produits auraient dû être analysés pour déterminer s'ils étaient bel et bien contaminés à la bactérie Listeria.

«Je veux vérifier si la gestion de cette crise s'est faite de manière raisonnable et équitable, a expliqué Mme Saint-Germain. Je veux m'assurer qu'il n'y a pas de citoyens qui ont été lésés ou qui pourraient être lésés. Les enjeux de santé publique sont prioritaires, mais, ce dont je veux m'assurer, c'est que cette gestion des enjeux de santé publique a été en équilibre avec les enjeux économiques qui sont ceux des producteurs et de l'industrie.»

Une enquête de La Presse sur la mort de Raymond-Marie Morin, survenue à la fin du mois d'août et causée par des complications liées à la listériose, a démontré que le système de surveillance de Québec est défaillant.

Les autorités de la santé publique n'avaient pas rencontré la famille de M. Morin presque une semaine après son décès. Le ministère de la Santé assurait pourtant que les proches d'une victime étaient joints rapidement. Le MAPAQ n'avait pas été informé de la mort de M. Morin. Aucune enquête n'avait donc été déclenchée pour découvrir l'origine de la contamination.

«S'il y a eu acte déraisonnable, omission d'agir, s'il y a eu préjudice envers des citoyens, on va formuler des recommandations au gouvernement», a affirmé Raymonde Saint-Germain.

La protectrice du citoyen, qui relève de l'Assemblée nationale, a décidé d'ouvrir une enquête avant même d'avoir obtenu une plainte d'un citoyen. La loi lui permet d'intervenir de sa propre initiative.