Québec est incapable d'assurer à toutes les patientes de la province un accès rapide à l'avortement, dénonce une étude de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS). Le réseau public déborde, ce qui force le gouvernement à payer pour que des patientes se fassent avorter dans des cliniques privées. Mais en région, cette option n'est pas envisageable et crée une inégalité, d'après l'IRIS.

Depuis 2006, le gouvernement est obligé de payer tous les avortements réalisés au Québec, qu'ils soient faits dans un établissement d'État ou dans une clinique privée. Quand les délais d'attente sont trop longs, les patientes sont invitées à se faire avorter dans une clinique privée aux frais de l'État.

 

Toutefois, seules les femmes de Montréal peuvent profiter de cette option. Les cinq cliniques privées qui pratiquent des interruptions volontaires de grossesse (IVG) sont toutes situées à Montréal.

«Il n'y a pas de clinique privée en région parce que ce n'est pas assez rentable, note la chercheuse Marie-Ève Quirion, de l'IRIS. Le gouvernement n'a pas suffisamment développé l'offre publique du service d'avortement.»

Mme Quirion estime qu'il suffirait de quelques millions de plus pour que les services d'IVG soient accessibles rapidement partout au Québec. Actuellement, le gouvernement verse 2,7 millions par année pour financer les avortements.

Plus de place au privé?

Mme Quirion s'inquiète aussi du fait que le président directeur général de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (ASSS-Montréal), David Levine, semble intéressé à faire plus de place aux cliniques privées qui pratiquent les IVG. Lors d'un congrès, lundi dernier, M. Levine a affirmé qu'il souhaitait «transférer toutes les interruptions volontaires de grossesse au privé».

Dans un communiqué publié mardi, M. Levine a fait volte-face et a assuré qu'il n'est «aucunement question de confier au secteur privé la totalité des activités reliées aux IVG».

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, préfère analyser les chiffres de son ministère avant de commenter le dossier de l'avortement. Mais son attachée de presse, Marie-Ève Bédard, affirme que le gouvernement «ne remet pas en question l'accessibilité de l'avortement». «On ne veut pas restreindre le nombre d'avortements, au contraire. Que ce soit fait au privé ou au public, l'important, c'est que ce soit accessible gratuitement», a dit Mme Bédard.