La tique du chevreuil, qui transmet la bactérie responsable de la maladie de Lyme, est en train de s'implanter au Québec, alors qu'on espérait jusqu'à maintenant qu'elle ne se développe pas dans la province, indique le rapport annuel du Laboratoire de santé publique, qui vient d'être publié.

Aux États-Unis, les Centers for Disease Control rapportent que le nombre de personnes infectées par la bactérie Borrelia burgdorferi, transmise par la tique Ixodes scapularis, a dépassé les 20 000 cas chaque année. Au Québec, seulement quelques cas sont recensés chaque année et les médecins estiment généralement que les patients ont été infectés lors de séjours aux États-Unis.La situation pourrait changer. De juin à novembre 2007, des chercheurs ont capturé et examiné des souris dans le sud du Québec, récolté des tiques avec des draps de flanelle et inspecté des chevreuils abattus pendant la saison de la chasse. Ils ont identifié 353 Ixodes scapularis: 99 larves, 49 nymphes et 205 adultes. Quelques nymphes et adultes étaient porteurs de la bactérie.

La présence de tiques immatures et infectées est une source d'inquiétude. Elle est le signe qu'elles n'arrivent pas ici seulement depuis les États-Unis, avec des oiseaux, des souris et d'autres animaux, mais qu'elles se reproduisent au Québec.

«Les résultats de cette étude suggèrent que le vecteur de la maladie de Lyme est en cours d'établissement dans au moins deux secteurs du sud-ouest du Québec», soit près de la frontière américaine autour de la rivière Richelieu et du lac Champlain, et le long du fleuve Saint-Laurent, entre Châteauguay et Longueuil, indique le rapport d'activité du Laboratoire de santé publique.

«Toutefois, la faible proportion de tiques et de souris positives pour Borrelia burgdorferi semble indiquer un faible risque actuellement pour l'humain, ajoute le rapport. La suite de l'étude en 2008 devrait nous permettre de mieux définir des zones d'établissement de ce vecteur.»

Néanmoins, le programme de surveillance a d'ores et déjà convaincu les autorités que la maladie de Lyme est bel et bien présente au Québec. «Les données de ce programme de surveillance nous indiquent que le risque d'infection à Borrelia burgdorferi, quoique faible, existe maintenant au Québec», note le rapport.

Les médecins, les vétérinaires et les autorités sanitaires du Québec ont reçu et analysé 2455 tiques l'année dernière, provenant de patients ou d'animaux de compagnie. «Pour les 1052 Ixodes scapularis envoyées pour détection de Borrelia burgdorferi au Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg, 91 ont été trouvées positives pour ce microorganisme (8,6 %), ajoute le rapport. Ces tiques provenaient majoritairement de diverses régions du Québec.»

Le nombre d'analyses effectuées pour la détection de la maladie de Lyme augmente d'année en année. Cette maladie se caractérise habituellement par l'apparition d'une plaque rouge sur la peau. D'autres symptômes peuvent survenir : douleurs musculaires ou articulaires, maux de tête, fièvre, fatigue. Dans les semaines ou les mois suivants, des complications au niveau du cœur, du système nerveux ou des articulations peuvent apparaître.

Pour qu'il y ait transmission, il faut que la tique ait piqué au préalable un animal lui-même porteur de la bactérie responsable de la maladie (une souris, par exemple). Le risque de transmission à l'humain est plus élevé lorsque la tique demeure deux ou trois jours sur la peau. Il faut la retirer au complet, tête comprise, avec une petite pince, puis prendre des antibiotiques. Dans les zones à risques, il est recommandé de porter des vêtements longs, de se couvrir d'insectifuge et d'examiner sa peau après les balades dans la nature.