Ces derniers jours, Antoine Bertrand a tourné une publicité pour l'organisme de partage Renaissance. «Pour l'occasion, j'ai remis le costume de Louis Cyr pour la dernière fois», dit-il.

Cyr tient effectivement une grande place dans la vie d'Antoine Bertrand. Le Québécois, autrefois homme le plus fort du monde, occupait le quotidien du comédien depuis une dizaine d'années.

Cette cohabitation des âmes a trouvé son aboutissement dimanche soir dernier au gala des prix Jutra, où Bertrand a été couronné meilleur acteur du cinéma québécois en 2013. La Presse et Radio-Canada font du comédien leur Personnalité de la semaine.

En entrevue, Antoine Bertrand revient sur cette soirée de gala où il a livré un discours mémorable. Il a à la fois salué le talent des quatre autres comédiens dans sa catégorie, affirmé son amour pour sa conjointe Catherine-Anne Toupin et rendu hommage à sa mère, dont les funérailles avaient été célébrées quelques heures plus tôt.

«J'ai regardé mon propre discours après le gala. Il y avait beaucoup de yeux mouillés, lance-t-il. À chaud, j'ai eu une énorme surprise. Depuis, je reçois un tsunami d'amour. Les gens, autant chez le public que parmi mes pairs, sont gentils avec moi. Je pense que je vais avoir le sourire toute l'année avec ce qui m'est arrivé.»

M. Bertrand rappelle que c'est au début des années 2000, dans un talk-show, qu'il a révélé qu'il serait un jour Louis Cyr dans un projet de film (réalisé par Daniel Roby). Depuis ce jour-là, les gens n'ont jamais arrêté de lui en parler. «On me demandait souvent à quel moment on allait tourner le film. J'ai été obligé de prendre du recul pour ne pas me lasser.»

Bertrand a vu sa relation avec Louis Cyr évoluer au fil du temps. «Avant et pendant le tournage, je le sentais davantage comme un père. J'avais le sentiment qu'il me regardait et me disait de ne pas lésiner sur le travail. Aujourd'hui, il est comme un ami. Je ne ressens plus cette relation surveillant/surveillé qu'il y avait avant. Je suis convaincu qu'il serait fier du personnage qu'on a fait de lui et du film qu'on lui a consacré. En fait, Louis Cyr m'a montré plusieurs facettes de la force; elle est dans les bras, mais aussi dans la tête et dans le coeur.»

Au terme de ce long voyage, Antoine Bertrand est heureux des années passées à attendre avant d'incarner son personnage. «Cela m'a donné l'occasion d'avoir le coffre à outils nécessaire pour le défendre correctement.»

Le comédien a effectivement une approche très rationnelle de ses rôles. Avant de dire oui, il réfléchit. Lorsqu'on lui fait remarquer, par exemple, que bien des gens le voient animer un gala, il répond: «J'ai déjà dit non dans le passé. Je ne suis pas encore rendu là. Mais si je me projette dans le futur, oui, je me vois en faire un. Ça fait partie de mon plan de carrière.»