Cynthia Xin-ya Qian a été nommée Personnalité par excellence 2012 par l'organisme Forces Avenir qui vise à reconnaître et à promouvoir l'engagement étudiant. Médecin résidente au département d'ophtalmologie de l'Université de Montréal et étudiante à la maîtrise en médecine expérimentale à McGill, la jeune femme s'est vu remettre une bourse de 15 000$. Afin de souligner son parcours extraordinaire, La Presse et Radio-Canada nomment Cynthia Xin-ya Qian Personnalité de la semaine.

Cynthia Xin-ya Qian, 27 ans, a toujours été attirée par la médecine. Atteinte de leucémie à l'âge de 5 ans, la jeune femme a malheureusement fréquenté les hôpitaux dès son enfance. «J'ai vite compris que la médecine pouvait transformer le cours d'une vie et que la persévérance était tout aussi importante», dit l'étudiante qui terminera sa résidence en ophtalmologie en juin prochain.

Née en Chine, la jeune Cynthia a vécu quatre ans en France, avant d'arriver au Québec à l'âge de 10 ans... en plein mois de janvier. «Je me souviens du choc. Les grands espaces, tout était vaste. Je me rappelle avoir trouvé les gens très chaleureux.»

Mais c'est à l'école que ça se gâte. «À l'époque, j'étais souvent la seule Asiatique de ma classe. Les enfants peuvent être très méchants devant ce qu'ils ne connaissent pas», souligne-t-elle. Dès le secondaire, la jeune fille décide de s'engager et joint l'équipe de la Maison internationale de la Rive-Sud, organisme à but non lucratif qui aide les nouveaux immigrants et facilite leur intégration. Cynthia y partage son expérience et enseigne le français. «Pour la première fois de ma vie, j'ai senti que je pouvais faire une différence», estime-t-elle.

Toujours plus loin

Dès ses débuts en médecine, Cynthia a toujours préféré sortir de sa zone de confort. «Pour les stages, les étudiants ne voulaient jamais s'éloigner de Montréal, moi j'étais toujours la seule à vouloir aller le plus loin possible.»

C'est ainsi qu'elle s'est rendue jusqu'au Nunavik, dont elle a gardé plusieurs souvenirs mémorables, comme ce Noël où les enfants ramassaient des bonbons et des cadeaux, jetés du haut des airs, par le père Noël qui passait en avion. Cynthia se remémore aussi l'isolement de ces peuples, la déprime aussi, l'absence de lumière et le froid. «J'ai été frappée par le manque de modèles positifs, ou de mentors, pour les jeunes.»

C'est là que Cynthia Xin-ya Qian prend conscience qu'en plus de prêter main-forte, elle souhaite laisser des outils qui pourraient aider les communautés à grandir, une fois qu'elle sera partie.

C'est exactement ce qui l'a séduite chez ORBIS, «le médecin sans frontières pour les yeux». Cet organisme a pour mission de prévenir la cécité et sauver la vision des habitants dans des régions du monde où les soins ophtalmiques se font rares. ORBIS possède le seul hôpital volant du monde (un DC-10), qui se pose pour quelques semaines dans des pays d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique du Sud. L'organisme traite les patients, mais partage ses connaissances avec le personnel soignant du pays visité, laissant ainsi, après son départ, des médecins et des chirurgiens ophtalmiques mieux outillés et mieux formés.

Sachant qu'elle ne répondait pas aux préalables demandés par ORBIS, notamment sur le nombre d'années d'expérience, la jeune étudiante a plutôt profité d'une future mission en Chine pour offrir ses services comme personnel de soutien et traductrice. La jeune femme parle l'anglais, le mandarin, le français, l'italien et l'espagnol. «Ils ont accepté, c'était en 2010, et je les aide toujours.»

Cynthia Xin-ya Qian compte investir la bourse Forces Avenir dans ses études et ses projets de recherche sur la cataracte, une affection qu'elle souhaiterait réussir à prévenir et à enrayer. La jeune femme espère bien, un jour, faire partie de l'équipe d'ORBIS à temps plein, et ainsi laisser aux gens qu'elle croisera sur son chemin des outils, mais aussi de bons souvenirs. Comme à cette femme du Panamá, qu'elle a aidée à accoucher et qui a ensuite nommé sa fille Cynthia.

Cynthia Xin-ya Qian avoue, elle aussi, ne jamais repartir les mains vides. «Il y a des gens qui nous touchent et qui restent en nous pour la vie.»