Mission accomplie pour Simon Paquin, fondateur et directeur général d'ÉcoMaris, un organisme à but non lucratif. Après plus de six ans de travail acharné, le jeune entrepreneur vient d'amarrer son premier voilier-école dans un port du Québec. Le marin visionnaire souhaite rendre le fleuve Saint-Laurent plus accessible en offrant des expéditions à la fois environnementales et éducatives. La Presse et Radio-Canada nomment Simon Paquin Personnalité de la semaine.

Le 26 mai dernier, Simon Paquin a quitté Hambourg, en Allemagne, à bord du premier voilier d'ÉcoMaris, le Roter Sand. Le jeune marin et son équipe sont arrivés le 6 juillet à Rimouski, nouveau port d'attache de ce bateau-école. L'équipe s'est immédiatement préparée pour une grande opération de séduction qui se déroule un peu partout dans la province. Enfin, là où le Roter Sand peut accoster. Car, selon Simon Paquin, c'est lui la vedette du projet. «Je veux que ce bateau devienne un bien commun. Je désire que tous les Québécois visitent le voilier et se l'approprient. Je veux offrir au public un moyen de visiter le Saint-Laurent et de le connaître davantage», précise-t-il.

Par le biais des expéditions offertes, Simon Paquin souhaite aussi sensibiliser et partager ses connaissances sur l'environnement. De plus, cette aventure permettra aux participants de se frotter à des défis en mer et d'expérimenter la vie sur un voilier. Bien que la clientèle visée en priorité soit les jeunes de 15 à 24 ans, ÉcoMaris propose aussi des activités s'adressant au grand public et aux entreprises qui voudraient vivre une formation de leadership en mer. Le navire, qui subit présentement quelques transformations, devrait accueillir ses premiers groupes en mai 2013. Le Roter Sand sera en activité sur le fleuve du mois de mai jusqu'à la mi-octobre.

Prendre le large

À l'écouter parler, avec passion, du fleuve Saint-Laurent, on pourrait croire que Simon Paquin a vu le jour tout près des côtes, dans un village maritime. Pourtant, il n'en est rien. C'est à l'âge de 19 ans que le jeune homme... natif de Hull, a développé son intérêt pour la voile et pour le large. Professeur de plongée sous-marine en Martinique, il traînait souvent dans le port, où des amis l'ont invité à les accompagner sur leur voilier. Ce fut le coup de foudre instantané. «J'avais déjà voyagé un peu, en Asie notamment, et chaque fois que j'arrivais dans un pays, on me demandait ma profession. Je n'en avais pas: je n'étais pas étudiant ni chômeur ni dentiste. J'étais un peu perdu, comme plusieurs adolescents à cet âge. C'est en montant à bord de ce voilier que j'ai réalisé que j'étais un marin.»

Il est parti ensuite apprendre les rudiments de la voile dans plusieurs pays d'Europe. Après un diplôme en psychoéducation, le jeune homme a eu l'idée de combiner ses études et son intérêt pour la navigation. Déjà persuadé qu'à travers le voyage, les jeunes peuvent énormément s'épanouir, il a suivi une formation de moniteur de voile croisière au centre marin des Blanchons, puis entrepris des études en communication et en gestion de projet à l'UQAM et à l'UQTR.

En 2006, il a fondé ÉcoMaris et organisé des expéditions en Amazonie pour des cégeps de la province. Une aventure qui a changé la vie de plusieurs jeunes, assure-t-il. «Je me souviens de ce garçon qui n'avait pas dit un mot du voyage, et qui semblait ne pas avoir apprécié l'expérience. Eh bien, il est aujourd'hui capitaine sur un navire de la marine marchande.» Simon Paquin s'empresse d'ajouter que son but n'est pas de transformer tous les jeunes en marins. Il avoue que plusieurs participants ont fait de leur expérience amazonienne un voyage plus introspectif, alors que d'autres ont confirmé un choix de carrière, grâce aux différentes activités de groupe.

Simon Paquin et son équipe se préparent maintenant à présenter le Roter Sand aux Montréalais. Le bateau sera à l'événement des Grands Voiliers du Vieux-Port, du 13 au 16 septembre. Le marin espère réussir à transmettre sa passion à un large public. «Être marin n'est pas qu'une profession, c'est un état d'esprit. Je ne me suis jamais senti autant sur la terre qu'une fois en mer. On n'est pas dans un pays en particulier. On est régi par les vagues, le vent, les cycles de la marée. Il y a toute cette simplicité que j'aime aussi. Un retour aux choses essentielles. En mer, si on a faim, on mange. Si le vent souffle, on avance. Sinon, on reste sur place et on fait autre chose. Un point c'est tout.»