En pondant le scénario de Starbuck, il y a trois ans, Martin Petit et Ken Scott ne se doutaient pas que leur rejeton allait faire autant de petits. En plus d'avoir décroché le titre de film le plus populaire au Québec en 2011 (3 399 338$ au box-office), Starbuck a été distribué dans plusieurs pays, récompensé dans des festivals et ses droits d'adaptation viennent d'être vendus pour le marché indien.

Il y a eu la sortie du film en juillet et une présentation habituellement réservée aux films hollywoodiens au Festival international du film de Toronto (TIFF), en septembre dernier. Puis tout a déboulé! Des demandes sont parvenues à la maison de production Caramel Films et aux scénaristes Martin Petit et Ken Scott pour distribuer Starbuck en Espagne, Suisse, Australie, France, Allemagne, Autriche, Israël, au Benelux, Brésil, Japon et à Hong Kong. «Ceux qui sélectionnent les films au TIFF ont été bons pour nous, relate le réalisateur et scénariste Ken Scott. On a eu droit à un gala. Ça s'est rarement vu pour un film québécois. Ça a créé un buzz, de la curiosité.»

Il y a aussi eu des visionnements dans des festivals à Namur, Vancouver, en Espagne, en Inde et en Estonie. Vendredi, Ken Scott s'est envolé vers Palm Springs pour présenter son film. Sou peu, il assistera au Festival de l'Alpe d'Huez. «Je vais être obligé de faire du ski dans les Alpes!» lance-t-il en riant.

Les demandes pour l'achat des droits d'adaptation se sont aussi multipliées. «Les Américains nous courtisent. J'en suis fier, dit l'humoriste et auteur Martin Petit. Il y a des offres sur la table.»

Dernière signature en lice: celle avec le producteur d'origine indienne Ajay Virmani. En 2012, Starbuck devrait donc faire des petits à Bollywood! Avec danse et chansons pour colorer le scénario déjà pas banal! «J'ai bien hâte de voir ce que les Indiens vont faire, dit Ken Scott. Hâte de voir comment ils vont intégrer leur réalité au scénario.»

C'est que le sujet de Starbuck frappe l'imaginaire. David Wosniak, personnage principal de la comédie, apprend un jour qu'il a 533 enfants dont plus d'une centaine demandent à connaître leur père biologique. Plus jeune, celui-ci a légué sa semence à répétition à une banque de sperme, contre un peu d'argent. Il devra décider s'il dévoilera ou non son identité, pendant qu'un tribunal jugera s'il a le droit à l'anonymat. «C'est une idée que j'ai eue quand mon premier fils est né, raconte Martin Petit. Je me suis rendu compte qu'un changement s'opérait chez moi. Je devenais gaga. Je ne voyais plus le monde de la même façon. Par ailleurs, c'était drôle de transposer ce que vivait Starbuck, l'animal, à l'humain et de voir l'effet sur le donneur une fois que celui-ci a vieilli. À 18 ans, j'ai pensé aux dons de sperme. S'il y avait eu une clinique à côté du cégep, j'en aurais probablement donné de façon insouciante. Est-ce que je serais bouleversé aujourd'hui d'apprendre que j'ai plusieurs enfants? Oui.»

«Les gens sont surpris par cette idée et ont de la difficulté à croire à une telle situation, note Ken Scott. Mais des histoires comme celle de Starbuck, il y en a aux États-Unis. Une en particulier faisait l'actualité au moment du lancement de notre film. Un commentaire m'est resté en tête: en ce moment, il y a plus de lois qui entrent en vigueur quand on achète une voiture que lorsqu'on donne du sperme.»

Les scénaristes ont eu deux choix au moment de donner de la consistance à l'idée de départ. «Une telle situation nous offrait la possibilité de faire des blagues de masturbation ou un beau film sur la paternité», explique Ken Scott, père de trois enfants.

Starbuck a d'ailleurs comme qualité de poser des questions éthiques sur la conséquence d'un tel geste et sur le droit des enfants à connaître leur père biologique. «Ces jeunes naissent comme citoyens de deuxième ordre, car ils n'ont pas droit de savoir qui est leur père biologique, note Ken Scott. Mais on est devant un dilemme. Si on enlève la clause d'anonymat, personne ne va donner son sperme. Un débat peut être lancé. Mais dans le film, on n'arrive pas à une solution.»