Sous la direction de Nathalie Bondil, le Musée des beaux-arts de Montréal a connu une année 2011 extraordinaire. Le nouveau pavillon Claire et Marc Bourgie a augmenté de 20% sa superficie totale. L'exposition La planète mode de Jean Paul Gaultier: de la rue aux étoiles a attiré près de 175 000 visiteurs, avant d'être présentée dans plusieurs musées aux Etats-Unis et dans le monde. Pour son apport considérable au rayonnement de Montréal, La Presse et Radio-Canada décernent à Nathalie Bondil le titre de Personnalité de la semaine.

Nathalie Bondil est énergique et passionnée, qu'elle soit à la maison ou au Musée. Lors de l'entrevue, réalisée à la mi-décembre, elle travaillait de la maison, écrivait des cartes de souhaits pour les Fêtes et mettait la touche finale à ses bagages. Elle s'apprêtait à partir pour l'Inde. Son troisième voyage en Asie, mais le premier en famille. « J'adore voyager. Dans le temps et dans l'histoire aussi. J'adore être projetée dans un autre contexte, une autre réalité. J'adore me sentir perdue. C'est stimulant. Certains trouvent ça déstabilisant, mais moi, j'aime ça. La vie nous met souvent dans des entonnoirs et il faut en sortir », avoue-t-elle.

Déjà nommée Personnalité de la semaine en juin 2009, Nathalie Bondil tient rapidement à souligner le travail extraordinaire des différentes équipes du Musée des beaux-arts. «Je suis choyée d'avoir des équipes qui s'investissent sur tous les plans», ajoute-t-elle. Car en plus du nouveau pavillon, le Musée a vécu une des plus grandes transformations de son histoire. Plus de 3400 oeuvres ont été réorganisées dans tout l'espace muséal. «Et ce, sans jamais cesser nos opérations », souligne-t-elle fièrement.

Un nouvel écrin

C'est en octobre dernier que le nouveau pavillon Claire et Marc Bourgie a été inauguré. Aménagé dans l'ancienne église Erskine and American, l'immeuble de six étages offre même une salle de concert de 440 places. «Ce pavillon était dû et attendu», avoue Nathalie Bondil. On y trouve plus de 600 oeuvres de l'art québécois, canadien et inuit. «Ce pavillon donne une monumentalité à l'histoire du Québec et du Canada. Il devient le théâtre de notre mémoire collective. C'est un lieu indispensable pour apprendre et transmettre aux jeunes nos bases, nos racines. C'est quand on sait qui l'on est qu'on peut aller de l'avant», dit-elle.

Le volet éducatif est important pour Nathalie Bondil. «Nous vivons dans une société d'images. Il est primordial que les jeunes soient en mesure de développer les bons outils pour les comprendre », ajoute-t-elle. La directrice souhaite faire passer de 40 000 à 100 000 le nombre d'élèves qui visitent le Musée au cours des cinq prochaines années. «Les jeunes sont l'avenir. On a beau construire de nouveaux pavillons, une fois le ruban coupé, il faut s'assurer que les gens y viennent.»

Avec une salle de concert de qualité, la musique a maintenant sa place au Musée des beaux-arts. «C'est le fruit du hasard. Pierre Bourgie [président de la société financière Bourgie] cherchait à créer une salle de concert dans une église. Et nous, on avait cette magnifique nef et on ne savait pas quoi en faire», explique-t-elle. La conservatrice en chef a déjà des projets audacieux qui associeront la musique à d'autres formes d'art. Les mariages interdisciplinaires ont toujours intéressé Nathalie Bondil. «Il vaut mieux être invité à un mariage plutôt qu'à un enterrement », ajoute-t-elle en riant. La conservatrice en chef voit le Musée comme un lieu d'expérimentation et de liberté. «C'est ce qui distingue les musées des salles d'exposition. Il faut exalter l'objet, pas l'exposer», dit-elle.

Planète Montréal

On ne peut passer sous silence l'immense succès remporté par l'exposition La planète mode de Jean Paul Gaultier : de la rue aux étoiles, qui a été vue par près de 175 000 visiteurs. «L'oeuvre de Jean Paul Gaultier a rencontré son public. Sa planète mode, c'est Montréal. Les deux ont la même impertinence, la même folie, le même humour, la même humanité aussi», ajoute-t-elle.

C'est la première fois qu'une exposition conçue par le MBAM fait l'objet d'une présentation dans autant d'autres musées. Actuellement à Dallas, La planète mode de Jean Paul Gaultier i ra ensuite à San Francisco, Madrid, Rotterdam et Stockholm. « Au-delà de l'exposition, c'est le savoir-faire montréalais qu'on exporte », souligne Nathalie Bondil.

Nathalie Bondil, citoyenne française et canadienne, ne cache pas son amour pour sa ville, Montréal. «Il y a un tel bouillonnement ici! Les gens ont une relation passionnelle avec leur culture. Et ils se battent pour la préserver. Ils la défendent aussi. C'est inspirant. Et tellement différent de la France, où l'on tient la culture pour acquise!», conclut-elle.