Le 2 décembre dernier, Dre Lysanne Goyer a participé au marathon de l'Everest, la plus haute épreuve du genre au monde. Son objectif: amasser des fonds, pour la Fondation En Coeur, qui vient en aide aux enfants ayant des problèmes cardiaques congénitaux et à leur famille. Et sensibiliser les gens à l'importance d'avoir de saines habitudes de vie. Pour son courage, sa détermination, son dévouement et pour cette cause qui lui tient à coeur, La Presse et Radio-Canada lui décernent le titre de Personnalité de la semaine.

Étonnée d'être nommée Personnalité de la semaine, Lysanne Goyer a pris un certain temps avant de retrouver ses esprits. «Je suis surprise. Je ne suis pas une athlète olympique. Je suis une femme qui travaille, une maman. Quelqu'un d'ordinaire», dit-elle. Pourtant non. Cette psychologue est la première Québécoise à avoir participé à ce marathon dont le point de départ se trouve à 5184 mètres d'altitude, à Gorak Shep, au Népal. La jeune femme a franchi le fil d'arrivée, 1738 mètres plus bas, huit heures et quatre minutes plus tard. «Je me foutais du temps. L'important pour moi était d'être du départ», souligne-t-elle. Car, ne fait pas cette course qui veut: il faut être sélectionné et réussir l'entraînement de trois semaines, qui a lieu sur place, avant l'épreuve. Mal de l'altitude, trouble intestinal, fatigue, manque d'oxygène, blessures; les participants s'exposent à une foule de danger. La mère de trois enfants avait même laissé une longue liste de plus de sept pages avant de partir. «Tout y était: des tours de garde pour mes jeunes jusqu'à l'emplacement de la copie de mon testament», raconte-t-elle.

Sa mission de vie

Dre Goyer avait envie d'associer sa passion, pour la course à pied, à sa «mission de vie»: sensibiliser les gens à l'importance d'avoir de saines habitudes de vie. Elle s'est vite associée à la Fondation En Coeur. Cet organisme vient en aide aux enfants cardiaques et à leurs familles, en offrant des services d'information et de soutien. Une partie de la somme amassée par Lysanne Goyer servira à mettre sur pieds, à Sainte-Justine, le premier laboratoire d'exercice qui évaluera la condition physique des jeunes malades. Les tests effectués leur permettront ensuite d'améliorer leur santé globale par le biais de l'exercice physique.

Dre Lysanne Goyer aurait pu s'arrêter là, mais c'est mal la connaître. Elle a décidé de verser 30% de l'argent recueilli à la Fondation Sir Edmund Hillary qui construira une école secondaire au Népal. «J'étais plus ou moins à l'aise avec le fait d'aller faire le marathon et de revenir sans rien leur laisser. Le pays est très pauvre. On court, on prend des photos, on fait des films, on profite du paysage. On vit une expérience incroyable et puis on s'en va sans rien laisser», souligne-t-elle. Sur les 25 000 $ espérés, Lysanne Goyer croit en avoir amassé près de 10 000 $. «La portion Everest de ma mission est terminée, mais pas le reste. Je me donne jusqu'au mois de mai pour atteindre mon objectif», précise-t-elle, très déterminée.

Trois petits pas

La coureuse a aussi instauré «Les trois petits pas en coeur avec Lysanne», un projet qui encourage les écoliers à faire trois petits pas pour une bonne santé globale. Un petit pas en alimentation, un petit pas en activité physique et un petit pas pour une bonne estime de soi. «Ils s'additionnent et ensemble, ces petits gestes peuvent nous aider à combattre plus efficacement une maladie ou à l'éviter complètement», explique-t-elle. Lysanne Goyer a aussi fondé GOJI Coaching, qui offre des programmes aux employés d'une entreprise, ou à des particuliers, afin d'améliorer leur santé globale. Évidemment, la marathonienne partagera aussi son expérience lors de conférences destinées aux adultes et aussi aux plus petits. «Je veux dire aux enfants que le marathon de l'Everest était mon rêve et que j'ai réussi à le réaliser. Mais je n'aurais pas été déçue de ne pas réussir. Des fois les rêves ne se réalisent pas. L'important c'est d'essayer.»

Et d'où vient se désir très fort d'aider les autres? «J'ai toujours été comme ça. Je crois que c'est mon père qui m'a transmis cette conscience sociale. L'importance de mourir en se disant qu'on a participé à l'amélioration du bien-être collectif. Même si pour l'instant, mon portefeuille souhaiterait que je sois plus égoïste», ajoute-t-elle, pince sans rire. Bien qu'elle travaille à la clinique médicale L'enjeu, cette maman fort occupée avoue que la dernière année a été difficile financièrement. Et ce, malgré d'importants commanditaires, dont Salomon et La Cordée.

Après avoir fait le marathon de New York, de Boston, de la Muraille de Chine et celui de Chicago, deux fois; peut-on lui souhaiter une deuxième participation au marathon de l'Everest? «Oh que non», dit-elle sans perdre une seconde. Avant de rire aux éclats.