Ariane Sainte-Marie est la première et la seule Canadienne à avoir été choisie pour la prochaine expédition du projet Pangaea, qui débute cette semaine. Ils sont huit à partir à la conquête du pôle Nord magnétique. Ariane n'a que 19 ans. Sa détermination et son leadership ont été remarqués au cours d'un stage intensif en Suisse qui servait de sélection. Cette aventure excitante et exceptionnelle changera sans doute le cours de sa vie. Ariane Sainte-Marie mérite le titre de Personnalité de la semaine de La Presse et Radio-Canada pour sa force de caractère et son audace.

Les voyages forment la jeunesse, a dit un sage. Il est des jeunes qui ne s'en soucient guère, d'autres au contraire qui ne peuvent s'en passer. La vie leur semblerait trop immobile. À plusieurs adultes aussi. L'explorateur sud-africain Mike Horn est de ceux-là. Depuis plusieurs années, il s'intéresse à tous les défis de la Terre et n'hésite pas à aller au bout de lui-même. Cette passion, maintenant que pour lui le temps passe, il veut la transmettre aux jeunes. En 2008, il a mis sur pied le projet Pangaea, dont la fin est prévue en 2012, qui réunit un groupe de jeunes de 17 à 22 ans de partout dans le monde.

Un peu plus loin

À quelques jours du départ, au moment où cette entrevue avait lieu, Ariane Sainte-Marie cherchait désespérément des mitaines en duvet, les seules qui lui permettront de traverser les basses températures. Duvet ou pas, elle est déjà là-bas dans son esprit. «Je suis nordique, dit-elle. L'an dernier, avec le programme Katimavik, je suis allée au Yukon. J'ai été séduite par la région. Mon rêve était d'aller plus au nord, voir ce qu'il y a plus loin, plus haut!» Le projet de Mike Horn l'a enthousiasmée et elle s'est inscrite. «Tu te lances et tu espères», dit-elle.

Et elle a réussi. Élève du cégep André-Laurendeau, inscrite au programme Trilinguisme et culture, Ariane a prévu remettre tous ses travaux scolaires avant son départ. Pourquoi ce choix de programme? «Les langues sont pour moi un outil pour transmettre mon message.»

Afin d'avoir une idée plus juste de l'énergie qui l'anime, il faut savoir que la préparation pour cette expédition est intense: vélo, course, longues marches sac au dos, etc. «La formation n'est pas facile, reconnaît-elle. En Suisse, au cours des derniers jours, on a marché dans la forêt pendant 48 heures. Juste quand on croyait qu'on arrivait, il fallait continuer. Mais le plus important, c'est l'aspect psychologique: résistance à la faim, à la soif, à la fatigue. Et conserver en tout temps l'esprit de groupe et de solidarité, car l'équipe passe avant l'individu.»

L'avenir

Elle a beaucoup voyagé durant son enfance grâce à ses parents. C'est à ce moment qu'elle a eu la piqûre. Sa devise pourrait être: plus on en fait, plus on en veut. «J'ai aussi appartenu aux cadets de l'armée à 15 ans, ce qui m'a donné l'occasion de développer un certain leadership.»

Le pôle Nord magnétique, comme son nom l'indique et pour simplifier, est un aimant. Il se meut en moyenne de 40 kilomètres par an et se dirige vers la Russie. Voilà de quoi fasciner une jeune fille qui considère qu'à 19 ans, elle a tant encore à découvrir. Et que cette Terre est fascinante.

Elle réside à LaSalle et est la plus jeune d'une famille de trois enfants. Ses parents ont eu jusqu'ici une grande influence sur son développement. «Si je perdais un match de ringuette, mon père, qui était aussi mon coach, me disait toujours que l'important était de donner mon maximum, d'aller au bout de mon effort.» Elle a tiré de l'essence de ce principe le fait qu'elle ne doit pas éviter de faire face à un défi, car elle aurait trop peur de le regretter.

Curieuse à l'école, avide de tout apprendre, la première de classe était et est toujours infatigable. «Quand on veut, on peut. Pour mon avenir, il n'y a rien de fixé encore. Je sais que je vais continuer de voyager et travailler peut-être dans une ambassade ou à l'ONU. J'espère voir un jour le monde sortir de ses problèmes. Mais il faut s'y mettre tout de suite et savoir accepter les changements», cette dernière remarque s'adressant en particulier aux générations qui précèdent la sienne.

Malgré sa détermination et sa force mentale évidentes, ses parents, bien que très fiers, ont du mal à cacher une certaine inquiétude. Qu'ils se répètent pour se rassurer tout à fait le poème de Du Bellay:

«Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage...»

J'espère voir un jour le monde sortir de ses problèmes. Mais il faut s'y mettre tout de suite et savoir accepter les changements.