Sid Lee vient d'être choisie l'agence de publicité de l'année au Canada pour la deuxième année consécutive. Son déploiement dans le monde est en croissance constante depuis sa fondation, en 1993. À ce jour, on compte plus de 500 employés, des artisans créatifs parmi les meilleurs d'ici et d'ailleurs. La Presse et Radio-Canada soulignent ce rayonnement en choisissant les concepteurs de Sid Lee Personnalités de la semaine.

Ce que réussit la boîte montréalaise de créativité commerciale est de réunir des artisans qui rament dans la même direction et partagent une mission commune. Sans se chicaner, semble-t-il. Sans trop de stress, sans compromis majeurs sur le plan personnel, ils réussissent à décrocher des contrats monstres: la plus grande campagne mondiale de l'histoire d'adidas, le compte mondial de Dell, IGA, SAQ, Loto-Québec, Videotron, la Banque Laurentienne, Gaz Métro, Tourisme Montréal et surtout le Cirque du Soleil, qui reste fidèle à son engagement depuis les débuts de l'entreprise.

ADN commun

Le mode de gestion collective est unique, original. La bande des fondateurs de l'entreprise, les actionnaires principaux, les cinq «artisans» tels qu'ils se définissent eux-mêmes, c'est Philippe Meunier, Bertrand Cesvet, Jean-François Bouchard, François Lacoursière et Martin Gauthier. Ils s'accordent des titres pour la forme officielle, tels président ou vice-président, mais au fond ils sont si unis qu'ils vont jusqu'à préférer être interviewés tous ensemble. Il y a 25 associés dans l'entreprise.

Comment expliquer que depuis 18 ans, ces hommes tous dans la jeune quarantaine aient pu constituer un coeur aussi solide? «Ici, la création est un sport d'équipe, expliquent-ils. Un lieu d'où sont absents les ego, un défaut largement répandu quand il s'agit d'idées. Ici, ce sont les idées de tout le monde et le consensus est naturel.» Les décisions importantes sont prises en collégialité. «Cela fait partie de notre culture», soulignent-ils. Ils sont tricotés serré. Individuellement, des amitiés sont soudées pour certains depuis l'adolescence. Ce qui les unissait? Leur imagination débordante, l'envie de trouver ailleurs que dans le 9 à 5 dérisoire un travail qui serait utile, certes profitable, mais où avant tout ils auraient du plaisir.

Un agrégat

«Notre ambition depuis le début est de faire tomber les frontières.» Ce terreau de liberté est fertile. Les racines qu'il porte s'étendent de Montréal, Paris, Amsterdam, Toronto, et sont en gestation sur d'autres continents. Les bureaux de Sid Lee au 75, rue Queen débordent des murs d'origine.

«Aucune cloison entre pays, frontières et cultures.» Faire sauter les obstacles. Les qualités premières liées à l'audace des cofondateurs: ils n'ont peur de rien, surtout pas de la nouveauté, rien ne leur est impossible, ils aiment découvrir de nouvelles façons de faire. «Le langage créatif est universel.» Alors, ils font appel à tous les talents. Ils unissent les cerveaux. Ils sont rassembleurs d'idées et favorisent la libre circulation de la pensée. Un authentique incubateur qui mène à des campagnes publicitaires, entre autres, différentes.

Lorsqu'un membre de l'équipe est à l'étranger pour rencontrer un client potentiel, il lui arrive parfois de se pincer quand il réalise que la boîte est arrivée à un tel succès. «On est émerveillés, particulièrement d'avoir réussi à réunir des gens du monde entier. L'aventure humaine nous a rapporté gros, soulignent-ils. Notre vie est exaltante. Ce que nous sommes en tant que Québécois est un atout très loin de l'esprit de clocher. Qu'il s'agisse de la culture ou de la personnalité qui nous caractérisent, on apporte un plus qui séduit.» Sur le terrain des affaires, ils ne jouent pas de jeu, ne présentent pas une fausse image. L'humilité et la sincérité font partie de leurs forces intrinsèques.

Leurs clients, qu'ils soient européens ou américains, sont généralement ravis de leur côté primesautier, naturel et spontané. Imaginons quelques Québécois déjantés mais géniaux vêtus de jeans et de t-shirts dans une salle de conférence austère et guindée. La magie opère. L'équipe ne peut que transformer l'atmosphère, et souvent c'est par la fête que se termine la réunion. «Il est même arrivé que l'enthousiasme amène des câlins complètement inattendus», racontent-ils en riant.

Les employés de Sid Lee connaissant bien cette culture de la fête et du plaisir des «patrons». Ils y sont conviés souvent.

Afin d'être fidèle à sa mission, à ses principes, le groupe Sid Lee compte bien tenir à distance les contrats de publicité qui traiteraient d'armements, de politique, de cigarettes. Que seront-ils dans 10 ans? «Sur le plan personnel, enrichis de toutes nos expériences, satisfaits, espérons-le, du chemin parcouru. On aura travaillé sur un miniréseau mondial qui sera sans doute réalisé. On aura positionné Montréal sur le plan international, dans notre sphère d'activité. Ces succès devraient creuser nos racines québécoises encore plus profondément et nous rendre encore plus fiers d'avoir permis de nous faire apprécier partout dans le monde.»