Il apparaît difficile de contenir la créativité fabuleuse qui anime Fabienne Larouche. La source semble inépuisable. Après 1740 épisodes de Virginie présentés à l'antenne de Radio-Canada pendant 15 ans, après plus de 80 000 pages de texte, l'auteure dramatique Fabienne Larouche entraîne les téléspectateurs dans une autre direction. Marina Orsini sera la vedette de sa nouvelle télésérie, 30 vies. Pour Fabienne Larouche, c'est une nouvelle expérience. Un nouveau défi. Une promesse de plaisir pour celle qui adore raconter des histoires avec des mots de tous les jours. La Presse et Radio-Canada soulignent son talent et sa longévité d'auteure en la nommant Personnalité de la semaine.

Fabienne Larouche est reconnaissante envers Radio-Canada d'avoir été là tout ce temps, de même qu'envers son équipe fidèle. Le 16 décembre a marqué la fin de Virginie. «Qu'est-ce que ça me fait? Un peu de peine, oui. Surtout que je perds des amis... une équipe. Je le vois comme un déménagement, un changement de territoire. Pendant 15 ans au moins, les enseignants ont senti que je les aimais.»

La sprinter ne prend même pas le temps de retrouver son souffle. «Je suis un peu impulsive. J'ai toujours cinq ou six projets en marche. Je fonce.» La seule chose qu'elle consent à faire pour elle-même, c'est de s'entraîner physiquement, marcher, faire du yoga. «Pour rendre la cinquantaine plus joyeuse, j'apprends maintenant à respirer.» Elle produit une quarantaine de pages par jour, des pages noircies à n'importe quel moment de la journée. C'est dire que les idées qui naissent durant une promenade vont servir sans retard à alimenter ses textes. Le secret dans tout cela? «Bien sûr, de l'énergie. Mais surtout le travail et la discipline.» Et le plus étonnant est qu'elle ne rêve pas du tout la nuit à ses personnages. «Il y a leur vie et il y a la mienne.» On sait qu'en plus d'écrire, Fabienne Larouche doit accomplir son travail de productrice.

Virginie, dit-elle, lui a appris à être une meilleure personne. «Elle a dépassé ma propre vie. J'ai lu des livres, je suis allée chercher des conseils, ce qui m'a donné une plus grande culture. Et, à travers les problèmes vécus par les personnages, j'ai pu apprivoiser mes propres peurs.»

Rester elle-même

On connaît son franc-parler. Elle s'avoue «franche, directe, transparente». On connaît également son bagou, sa grande volubilité. «J'ai déjà demandé à ma mère quelle sorte de petite fille j'ai été. Je parlais déjà vite, semble-t-il. Je posais des questions constamment.» Cette grande curiosité l'a propulsée hors des murs de son quotidien et, malgré un fond de timidité, l'a encouragée à inventer sa vie.

Elle est native du Lac-Saint-Jean. Ses parents ont décidé de se rapprocher de la grande ville et ont choisi Sainte-Thérèse et, plus tard, Boisbriand pour jeter les amarres. Quand elle avait 19 ans, ils se sont installés à Prévost, dans les Laurentides, de là sa préférence pour cette région et sa passion pour le ski. Un sport qu'elle pratique avec son père régulièrement. Sa mère, qui a été enseignante et aurait rêvé d'architecture, est une féministe avant l'heure qui lui a prodigué des conseils et des principes, comme celui d'être indépendante financièrement. La famille immédiate, ses parents, son frère et ses nièces sont au coeur de sa vie, au coeur de ses amours.

«Je suis une fille de couple», tient-elle à souligner. Et, pour être bien claire, elle ajoute: «Non, mon mari ne se sent pas exclus, même si je travaille beaucoup.» Il apporte de l'eau au moulin avec des idées, un jugement critique, une bonne lecture des textes de sa femme auteure prolifique. Le docteur en psychologie sait sans doute mieux que personne apporter un peu de sérénité à ce Scorpion à l'imagination débridée. «Je me rends compte parfois que je ne suis pas une super bonne épouse...» dit-elle doucement, avec une voix où point un soupçon de remords. Pourtant, à travers les heures quotidiennes qui passent rapidement, elle se réserve le plaisir d'arpenter avec lui le marché Jean-Talon, de préparer un repas pour les «rares» véritables amis.

Questionnements

Qu'est-ce qui est juste ou qui ne l'est pas? Notamment la réalité de ne pas naître égaux. Existentialiste, agnostique, lucide, l'une des grandes questions de sa vie est: «Pourquoi moi plus qu'un autre?» Apparemment rien ne peut apaiser son âme affolée devant la mort. Elle se pose la sempiternelle question: «Quelle est donc la finalité de la vie?»

L'un de ses personnages lui apportera peut-être des éléments de réponse.

Virginie a dépassé ma propre vie. À travers les problèmes vécus par les personnages, j'ai pu apprivoiser mes propres peurs.