Le mentorat est l'un des moyens les plus efficaces pour aider une jeune avocate à atteindre le niveau de compétence auquel elle aspire. Le rôle indispensable de mentor est joué entre autres par Christine Carron, associée principale au sein du groupe Litiges d'Ogilvy Renault.

Me Christine Carron a obtenu le Zénith de Lexpert 2009, un nouveau prix décerné à un groupe sélect d'avocates de premier plan en droit des affaires. Lexpert classe Christine Carron parmi les 25 meilleures avocates au Canada; elle est la seule au Québec. Le magazine Entreprendre la cite parmi les 101 Femmes entrepreneurs les plus en vue. Pour ce rôle de premier plan que l'avocate joue en droit des affaires, La Presse et Radio-Canada lui décernent le titre de Personnalité de la semaine.

 

Écoute et empathie

Fellow de l'American College of Trial Lawyers, membre du groupe de travail du Barreau du Québec sur les services pro bono, elle siège également à plusieurs comités du Barreau de Montréal. Elle a reçu en 2007 la distinction honorifique d'avocate émérite du Barreau du Québec.

Sa compétence et ses réussites en droit, en litiges commerciaux, protection de la vie privée, protection du consommateur, recours collectifs, technologies, entre autres, lui permettent de collectionner de belles victoires. Elle a pris part à de nombreuses commissions parlementaires.

Sa spécialité n'entraîne pas systématiquement, tient-elle à préciser, la confrontation. «J'aime bien faire de la prévention, dit-elle. Il faut surtout bien conseiller et tenter d'amener une solution avant que la situation ne dégénère en litige.»

L'avocate aime convaincre, c'est l'une de ses grandes forces. Elle met son intégrité, son sens de l'écoute à convaincre le client corporatif que la bataille n'est pas obligatoirement la seule solution, qu'elle entraîne souvent une perte d'énergie et d'argent. Toutefois, s'il faut y aller, elle se sent aussi à l'aise en contre-interrogatoire et en plaidoirie.

Quant à son rôle de mentor, elle en est très fière car elle adore enseigner, transmettre, partager sa science. Avant tout femme d'équipe, elle trouve depuis son entrée chez Ogilvy Renault du plaisir à réfléchir et travailler en groupe.

Le projet pro bono s'ajoute à ses tâches, mais elle y trouve une grande satisfaction. «C'est très important, assure-t-elle. Car l'un des problèmes majeurs dans la société est l'accès à la justice pour beaucoup de personnes et d'organismes; des gens qui se font avoir et qui n'ont personne pour les aiderni les moyens de se défendre.»

Bien intégrée

Christine Carron est américaine d'origine. Elle est l'aînée de cinq filles. Son père, ingénieur chimiste, ne l'encourageait pas à faire son droit. Et pourtant, Christine jeune enfant, en rêvait déjà.

Après des études en sociologie à l'Université du Michigan, elle est venue à Montréal en 1972 à l'Université McGill terminer sa thèse en sociologie. Elle confie: «J'ai eu un véritable coup de foudre pour Montréal. Les terrasses, les restaurants, la qualité de la vie en général. Je découvrais l'Europe, dans tous les recoins de la ville.»

En même temps, elle côtoyait la faculté de droit de McGill. L'envie irrésistible d'y entrer et de réaliser ainsi son rêve d'enfance, associée à son amour pour Montréal, sont à l'origine de son choix de s'établir ici.

Comment pouvait-elle maintenir un tel enthousiasme à l'égard de la ville, avec la barrière de la langue? D'autant plus qu'elle a assisté en 1976 à l'élection du Parti québécois. «Mes parents là-bas me croyaient en danger, s'affolaient, me suppliaient de rentrer à la maison», raconte-t-elle en riant. En ce qui a trait à la langue, cette femme intelligente ajoute: «Cela n'a pas été un problème. Apprendre une nouvelle langue est un défi agréable. Une clé qui ouvre l'esprit. Une façon de penser, de regarder le monde et ses problèmes différemment.»

Après son admission au Barreau en 1978, elle plonge dans l'univers fascinant de la pratique et met à contribution, dès les premiers jours, sa sympathie naturelle envers les gens, son écoute remarquable. Ce qui l'amène aussi à offrir ses services aux organismes qui la sollicitent.

Elle aime les voyages, mais c'est en Afrique qu'elle irait en premier si elle en avait le temps. On peut s'imaginer aisément que ce n'est pas pour faire du tourisme classique. «Mon fils m'a convaincue de ce qu'il est possible de faire là-bas pour aider. Entre autres avec Vision mondiale.»

L'avocate émérite va sans doute transmettre aux jeunes avocates qu'elle suit dans leur formation les principes fondamentaux de sa vie: l'écoute, bien sûr, mais aussi la rigueur et l'intégrité.