Décidé à ne pas laisser sa maladie, le diabète de type 1, freiner ses aspirations, Sébastien Sasseville multiplie les exploits sportifs. Premier Canadien atteint de diabète à gravir le mont Everest et à terminer une course Ironman, il est un exemple de ténacité pour tous les jeunes diabétiques.

Bien des jeunes gens, filles ou garçons de 22 ans vivent une vie classique; les études universitaires le jour, le bar le vendredi soir. Préoccupés d'argent de poche ou d'autres priorités agréables: allier vie amoureuse et bande de copains. Dans le cas de Sébastien Sasseville, c'est devenu du jour au lendemain, brutalement: penser à prendre son taux de glycémie, prendre sa pompe à insuline.

 

Depuis huit ans, il a appris à vivre avec une maladie chronique: le diabète de type 1. Ce qui ne l'a pas empêché de devenir le premier Canadien diabétique à atteindre le sommet de l'Everest en 2008. Le premier à terminer un Ironman en novembre dernier. Et de travailler sans relâche à aider les jeunes diabétiques.

Pour toutes ces raisons, La Presse et Radio-Canada le nomment Personnalité de la semaine.

Une volonté de fer

Il ne se passe pas cinq minutes par jour sans qu'il ne pense à son diabète. «Qu'est-ce que j'ai mangé? Qu'est-ce que je vais manger? Quels exercices vais-je faire?» Toutes ces questions quotidiennes deviennent plus aiguës encore lorsqu'il entreprend un défi sportif.

L'Ironman a exigé plus d'un an d'entraînement épuisant. Cette compétition est le plus long format du triathlon: 3,8 km de natation, 180 km de cyclisme, marathon de 42,2 km, sans répit entre chacun et le tout en moins de 17 heures. Sébastien était du nombre de l'équipe de 2800 braves athlètes. Il s'est classé 800e. Son exploit fait de lui la première et la seule personne au monde atteinte de diabète de type 1 à réussir cet exploit.

«J'ai dû faire 16 tests de glycémie pendant l'épreuve.»

«Je fais ce qu'il faut pour rester en santé.» Cet insulinodépendant est un formidable exemple auprès des jeunes atteints de ce que l'on appelle généralement le diabète juvénile. «L'une de mes grandes satisfactions est de montrer aux jeunes en particulier que leur maladie ne devrait pas les empêcher d'aller au bout de leurs rêves. Tout est possible quels que soient les obstacles.»

Chez la moitié des jeunes diabétiques, lorsque le diagnostic tombe, la dépression s'installe. «Il faut beaucoup de discipline, reconnaît Sébastien. À cet âge on cherche un bouc émissaire, on se révolte.» Lorsqu'il s'entretient avec les jeunes, il ne cache pas la sévérité de la maladie. «On doit tout réapprendre depuis le début. Dans mon cas, ce fut une belle leçon d'humilité que de réaliser que je n'étais pas invincible.»

Donner un sens à la vie

Il n'a pas encore compris pourquoi il a eu une réaction positive après l'annonce de sa maladie. «J'ai décidé d'aider les gens qui vivaient avec ça depuis plus longtemps que moi.»

Que s'est-il donc passé dans sa vie d'avant? Est-ce là qu'il pourrait trouver une réponse? Il est né le 25 septembre 1979 dans un petit village non loin de Québec. Son père a travaillé en communications toute sa vie, ce qui explique sans doute le choix de Sébastien au moment d'entrer à l'université: les relations publiques. Et ce, même s'il rêvait depuis sa tendre enfance de devenir architecte. Il a un frère, Marc-André, à qui on a diagnostiqué plus jeune la même maladie. Sa soeur a été épargnée.

Sébastien dit avoir eu une enfance protégée: «Nous avons eu un beau cadeau. Celui d'avoir un parent à la maison, notre mère. Ce fut très positif.» Bardé de confiance en lui et d'assurance, il se sent prêt à explorer le monde. Voyages en Asie, en Afrique, en Europe. Et cinq ans de vie à Vancouver: «Il y a plus de montagnes là-bas!»

Au Népal en 2001, il pratique là encore l'alpinisme, où il y a davantage de montagnes. L'Everest l'a toujours fasciné. Entre-temps, il s'attaque à d'autres sommets, notamment le mont Lénine au Kirghizistan.

Et puis un jour l'Everest est dans sa ligne de mire: «Ce qui n'est qu'un rêve devient un projet. Petit à petit, entraînement, finances, on approche du but.»

Parmi ses partenaires de rêve figure Johnson&Johnson, qui lui a offert un poste de directeur de territoire couvrant l'est du Québec. Pour faire connaître un produit pointu: la pompe à insuline. Une thérapie plus flexible, plus avantageuse. «Ce travail me convient tout à fait. J'adore ça. Il y a un contact direct avec le patient. Je rencontre des familles, des gens qui vivent avec le diabète.»

Dans un avenir plus rapproché, l'écriture l'occupera. Celle de scénarios de films notamment. Il a déjà en tête une fiction: «Une histoire touchante», promet-il.

Il semble bien qu'il n'y ait rien à son épreuve. Outre le fait qu'il ne s'est jamais révolté contre sa maladie: «Je l'ai acceptée», dit-il. Il ajoute même: «Cela m'a apporté une grande paix intérieure.»