Des livres québécois qu'on peut lire sur la nouvelle tablette d'Apple, l'iPad. Des livres numériques réalisés par l'entreprise québécoise De Marque en partenariat avec l'Association nationale des éditeurs de livres. Voilà qui place le Québec une fois de plus en tête des leaders des livres numériques les plus populaires du monde.

Dans le cadre du 24e concours des OCTAS, prix remis par l'industrie québécoise des technologies de l'information, la société québécoise De Marque a raflé deux prix: celui de la catégorie «Les TI dans les secteurs culturel, éducatif ou médiatique» et celui attribué à la réalisation qui s'est le plus distinguée parmi tous les lauréats.

 

Pour souligner cette réussite, La Presse et Radio-Canada nomment Marc Boutet, président de l'entreprise De Marque, Personnalité de la semaine.

Le monde comme un livre ouvert

Engagés dans ce projet novateur depuis le début, les éditeurs, libraires, auteurs, bibliothécaires et lecteurs continueront à faire progresser la plateforme technologique devenue un modèle partout dans le monde. Et c'est avec toutes ces personnes que De Marque veut partager ses deux prix de prestige.

Avec une pensée spéciale pour l'équipe: «On a une équipe fascinante, de rêve, dois-je dire», souligne Marc Boutet.

Le président précise qu'au-delà du défi technologique jugé considérable et qui a été surmonté, il y avait cette volonté: «Il fallait, après la musique et la vidéo, que l'univers du livre et tous ses acteurs prennent place dans celui du numérique.» D'importants groupes d'édition européens ont emboîté le pas: Gallimard, La Martinière et Flammarion, en France; Feltrinelli, Messaggerie Italiane/GEMS et RCS/Rizzoli, en Italie.

L'entreprise a été fondée à Québec en 1990 par Marc Boutet, qui avait 15 ans à l'époque, et Guy Bergeron, qui en avait 43. Ce dernier, à 64 ans aujourd'hui, demeure très investi dans l'entreprise tout en ayant cédé une part de ses responsabilités.

Le jeune Marc, fou d'informatique, est un leader très engagé dans son milieu déjà à 15 ans: journal, groupe de musique, etc. Il a toujours adoré réaliser un projet de A à Z.

L'été 1990 du jeune entrepreneur adolescent a été le coup d'envoi. «Plutôt que d'avoir un simple emploi d'été, on a décidé, Guy et moi, de concevoir des logiciels éducatifs. On n'était pas du tout assurés de leur succès. Et le premier s'est vendu à 10 000 exemplaires, alors on a tout réinvesti et, 5 ans plus tard, on avait pignon sur rue.»

Le Tap'Touche, authentique best-seller, s'est vendu à un million d'exemplaires jusqu'à maintenant. La version en ligne est offerte aux États-Unis et en Europe. Marc Boutet rentre tout juste de Paris, où il a vécu durant quatre ans et demi avec sa petite famille et avec son complice et ami Clément Laberge, afin de mettre sur pied une filiale de De Marque et de former une équipe qui en assure le bon fonctionnement.

La passion des autres

Il s'est découvert des vertus d'entrepreneur, un moyen sûr de réaliser des idées, en passant par l'écoute des besoins, notamment en formation, en information, en éducation et en divertissement. «On avait un rêve, une ambition; plutôt qu'ils aient accès seulement à des ouvrages anglophones, on voulait offrir aux jeunes québécois des produits qui collaient mieux à leur culture, à leurs références, et dans leur langue. Qu'ils puissent avoir accès aux classiques...»

C'était le point de départ. Le temps qui passe peaufine la mission. «Avec le numérique, il y a une place pour tous les rôles de la chaîne du livre. On favorise l'émergence de nouveaux types de livres et de nouveaux libraires.»

Ce n'est qu'une partie des objectifs. «Avec le numérique, le livre devient un lieu rassembleur.»

Et pour ce qui est de l'ouverture sur le monde, l'outil permet d'aller plus loin que tout ce qu'on a pu offrir jusqu'à maintenant. «Les enfants, en ayant accès à l'information, ont tous une chance.» C'est en quelque sorte la démocratisation des connaissances. Quand il observe son fils de 3 ans, Marc Boutet comprend que tous ces moyens qui constituent parfois des obstacles aux plus vieux sont naturels pour les petits.

«Pour faire rayonner la culture, c'est le meilleur des outils», s'exclame celui qui a vu le jour à Québec, qui a été un écolier surdoué, et dont la passion pour l'informatique est née quand, à 8 ans, il a gagné un ordinateur lors d'un concours de dessin. «Je l'apportais même en camping... C'est la programmation qui m'a tout de suite intéressé.»

Il a coprésidé le Sommet de la jeunesse en 2000. Selon lui, il est clair qu'on doit redonner un peu de ce qu'on a reçu. «Je n'hésite pas à m'engager dans des causes sociales.»

Quant à se lancer en affaires, au tout début, il hésitait. Il a trouvé les bons outils à l'université. Pour ce qui est de l'esprit entrepreneurial, là aussi, c'est évident. «Le plus important est d'amener le meilleur de la technologie au public en général. Pour cela, on doit écouter nos clients.»

Il conclut: «On veut bâtir quelque chose d'important. On est capables nous aussi de bâtir dans ce domaine!»