Très peu de gens auraient prévu en juin dernier que l'Impact gagnerait le championnat de la première division des United Soccer Leagues (USL). Mais l'entraîneur-chef, Marc Dos Santos, a su redonner confiance à ses joueurs et les mener à la victoire.

En juin, la traversée du désert se poursuivait pour le onze montréalais. Après l'effondrement contre Santos Laguna en mars en quart de finale de la Ligue des champions puis un début de saison à oublier, l'entraîneur-chef John Limniatis avait été congédié. Son remplaçant, Marc Dos Santos, réussissait à freiner la chute de l'Impact, mais on était encore loin d'une remontée.

 

«C'était difficile, se souvient le jeune entraîneur de 32 ans. Beaucoup de gens nous critiquaient. Mais je n'ai jamais arrêté de croire en notre équipe.»

Les changements sont venus lentement mais sûrement. Grâce à une remontée en fin de saison, l'équipe a réussi à terminer en cinquième place du classement. En séries éliminatoires, les hommes de Dos Santos ont été impeccables, avec six gains en six matchs, y compris une victoire spectaculaire dans le match final contre les Whitecaps de Vancouver dans un stade Saputo à guichets fermés.

Pour souligner la persévérance, la détermination et le leadership de Marc Dos Santos, La Presse et Radio-Canada lui décernent le titre de Personnalité de la semaine.

La loi du semeur

Dans les derniers jours, l'Impact a été accueilli à l'Assemblée nationale, à l'hôtel de ville de Montréal et au Centre Bell. «C'était incroyable, lance Marc Dos Santos. Je me demande si une autre ville au Canada ou aux États-Unis partage cet enthousiasme pour le soccer.»

Selon lui, un mot explique la conquête de la première division des USL: persévérance. «Plus les gens nous critiquaient en début de saison, plus on travaillait pour leur donner tort», raconte celui qui croit en la «loi du semeur». «Quand on sème, on finit par récolter. Ça peut prendre deux ans ou deux mois, mais ça finit par arriver.»

Dos Santos a instauré un nouveau système de jeu à deux attaquants. Mais au-delà du changement tactique, la principale chose que Dos Santos a semée, c'est l'idée de la victoire.

Il a redonné confiance à certains joueurs qui s'étaient perdus, et il a redonné confiance à l'équipe elle-même. Au début de l'été, il a même collé une photo de la coupe des USL dans le vestiaire pour montrer l'objectif.

Ses talents de communicateur l'ont grandement aidé. Le fils d'immigrants portugais parle quatre langues (français, anglais, portugais, espagnol) et il en apprend une cinquième, l'italien. Cela lui permet de parler dans la langue maternelle de ses joueurs quand la situation le commande.

Pour inspirer ses interventions, il consulte notamment des biographies d'entraîneurs célèbres ou des discours de présidents américains. Sa préparation est minutieuse. «Pour la finale contre Vancouver, j'ai préparé un discours de mi-temps pour chaque scénario, illustre-t-il. Peu importe si on menait, perdait ou si on était à égalité, je savais exactement quoi dire.»

Il a même surpris ses joueurs avant le match ultime avec une vidéo spéciale. On y voyait les pires moments de la saison. Le rythme et la musique changeaient ensuite, et on voyait les réussites des dernières semaines. La vidéo se terminait par une question: comment allez-vous finir le film?

«Je n'ai jamais utilisé un style militaire, j'ai simplement mobilisé les joueurs pour qu'on avance ensemble vers la victoire. Et tout le monde y a cru.»

Du Portugal au Mozambique

Malgré ses 32 ans, Marc Dos Santos a beaucoup vécu. Il dit puiser son leadership de ses expériences.

À 10 ans, son père retourne au Portugal pour y implanter son entreprise de construction. La famille le suivra. Adolescent, Marc s'avère un bon joueur de soccer, mais sans chance de percer dans les grandes ligues européennes. Il envisage donc une carrière d'entraîneur. À seulement 16 ans, il dirige l'équipe de ses camarades de classe lors d'un tournoi réunissant les meilleures écoles du pays.

Il se rendra plus tard au Mozambique, où il travaillera aussi dans le soccer. À 26 ans, il retourne au Québec. Il devient entraineur-chef du club-école de l'Impact, l'Attak de Trois-Rivières, qui gagnera avec lui la Canada Cup en 2007 et dominera le classement de la saison régulière en 2008. L'Impact le rappelle alors comme adjoint de John Limniatis, qu'il remplace depuis le 14 mai.

En parallèle, il continue de se perfectionner. Dos Santos s'envolera au Royaume-Uni pendant cinq jours l'été prochain afin d'obtenir sa prestigieuse licence UEFA A, nécessaire pour entraîner une équipe de la Ligue des champions. Il rêve d'ailleurs de diriger un jour un pays en Coupe du monde.

Malgré sa conquête du championnat de la première division des USL, Dos Santos porte toujours le titre d'entraîneur-chef par intérim. L'Impact négocie actuellement son nouveau contrat. «J'aimerais rester à Montréal, je veux regagner le championnat.»