En septembre dernier, une vidéo réalisée par le duo de jeunes réalisateurs Marie-Ève Hébert et Luc-Olivier Cloutier, étudiants en communications de l'Université du Québec à Montréal, a rapidement connu un immense succès. En moins d'un mois, la vidéo chorégraphiée, aussi appelée lipdub, a fait le tour du globe.

C'est assurément le succès de la rentrée. Le clip musical, qui met en vedette 172 étudiants de la faculté de communication de l'UQAM, a été visionné par plus de 1,5 million d'internautes, en plus d'être diffusé sur des chaînes de télévision américaines, brésiliennes, japonaises et australiennes.

Pour leur créativité sans frontières et des carrières qui s'annoncent prometteuses dans le monde des communications, La Presse et Radio-Canada nomment Marie-Ève Hébert et Luc-Olivier Cloutier Personnalités de la semaine.

La passion de la télévision

Luc-Olivier Cloutier s'intéresse à la production télévisuelle dès l'âge de 11 ans, lorsqu'il en apprend les rudiments à la télévision communautaire de sa région. Instantanément, c'est la piqûre. Un an plus tard, il bricole un studio dans le sous-sol de sa résidence de Saint-Raymond-de-Portneuf afin de produire des émissions avec ses amis dans ses temps libres.

À 22 ans, il est toujours passionné par le monde de la télévision. Il fait la rencontre de Marie-Ève Hébert lors de ses études au baccalauréat en communications à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

Fascinée par le monde de la télé, la jeune femme de 22 ans originaire de Blainville a déjà en poche un diplôme collégial en art, lettres et communications.

Les deux étudiants - qui forment aujourd'hui un couple - gagnent de l'expérience en réalisant des capsules pour le site internet de l'Opéra de Montréal.

Forts de ce travail d'équipe, ils songent à créer un lipdub, une vidéo chorégraphiée réalisée en plan-séquence dans laquelle la caméra suit plusieurs protagonistes qui se déplacent en faisant du lip sync.

«Ce qui est drôle, c'est que tout le monde nous disait que c'était dépassé !  explique Luc-Olivier Cloutier, qui caresse le rêve de devenir régisseur de plateau. Mais on voulait le faire pour le plaisir et surtout pour le défi technique.»

«On a tout préparé en un mois, ajoute sa complice. On a établi le parcours et ensuite les actions, phrase par phrase, seconde par seconde. Ensuite, nous avons tout répété avec un petit groupe.»

Le jour J, le 10 septembre, les concepteurs ignorent combien de participants vont se présenter. L'invitation a été lancée sur le site de réseautage Facebook et par courrier aux nouveaux étudiants invités à participer à la semaine des initiations. Finalement, 172 personnes se trémousseront sur la chanson I Gotta Feeling du groupe The Black Eyed Peas.Phénomène médiatique

Informée du projet ambitieux, la chaîne Musique Plus leur demande de diffuser le clip le soir même dans une émission spéciale qui porte sur les initiations universitaires. C'est à ce moment que débute l'effet boule de neige. Rapidement, la vidéo mise en ligne sur le site de partage YouTube atteint les 150 000 visionnements par jour. Intéressée par ce succès hors du commun, la chaîne d'information américaine CNN réalise un entretien en direct avec Cloutier et Hébert quelques jours plus tard. Ils multiplieront ensuite les entrevues ici dans la majorité des grands médias.

«On est un peu dépassés parce que ce n'était vraiment pas le but visé !» admet Marie-Ève.

«Mais on est contents parce que c'est une bonne visibilité pour nous, mais aussi pour l'UQAM, ajoute son ami de coeur. C'est tant mieux parce que l'on entend souvent parler de l'université pour son gouffre financier. Je pense qu'on a découvert les humains qui évoluent au sein de l'institution.»

Dans les dernières semaines, les deux vedettes du web ont été approchées par plusieurs entreprises désireuses de produire leur propre vidéo chorégraphiée. Des chaînes de télévision, des webtélés et des entreprises spécialisées dans la production de vidéoclips souhaitent les rencontrer. Ils gardent néanmoins les deux pieds sur terre.

«Ça nous ouvre des portes, mais c'est un couteau à double tranchant», précise Marie-Ève Hébert.

«YouTube procure une gloire éphémère. On est peut-être la sensation de l'heure en ce moment, mais je ne pense pas que l'on peut uniquement compter là-dessus pour se créer de l'emploi. On sait qu'en sortant de l'université, il va falloir travailler fort et commencer au bas de l'échelle.»