Êtes-vous déjà arrivé au parc Jeanne-Mance en sueur, un peu essoufflé, rouge de plaisir et fier de vous? Êtes-vous de ceux qui ont parcouru les rues de Montréal à vélo aujourd'hui?

L'avez-vous fait pour la première fois, ou depuis 25 ans en compagnie de 30 000 cyclistes, jeunes et moins jeunes qui partagent la même passion?

 

La Féria du vélo, version 2009, est une fête rassembleuse et joyeuse dont l'objectif premier est de donner le goût de la bicyclette à la population. Dans les coulisses d'une telle activité, il y a des centaines de personnes vouées à la cause. Il suffit d'imaginer la formidable logistique qu'il faut déployer pour ce déplacement en toute sécurité de 60 000 roues côte à côte!

Modestes mais indispensables: les bénévoles. «Ils sont l'âme du Tour de l'île», déclare la directrice générale de Vélo Québec Événements, Joëlle Sévigny. Sans eux, rien ne serait possible.

À l'occasion du 25e anniversaire du Tour de l'île, la Féria rend hommage à huit d'entre eux, des irréductibles, présents depuis l'origine de la fête, au service des autres «fous» du vélo comme eux, et que la direction du Tour de l'île a surnommés les Bénévoles d'argent. Il s'agit de Claude Berthiaume, Michel Carreau, Sylvie Chénier, Yves Guilbault, Pierre Lanoie, Pierre Meunier, Jean-Yves Rioux et Jean St-Amand.

À ceux-là en particulier en tant que groupe, et de manière symbolique aux 100 000 autres qui ont donné du temps et de l'énergie depuis un quart de siècle, La Presse et Radio-Canada décernent le titre de Personnalités de la semaine.

Voici quelques-uns de leurs témoignages.

Vas-y, t'es capable!

Le Tour de l'île boucle une semaine de festivités au cours de laquelle il y a eu la magie d'un Tour la nuit. Pour chacune des fêtes, il faut des chefs d'équipe, des mécanos à vélo, des encadreurs aux premiers soins, des chauffeurs, etc. Que ce soit au départ, en cours de route, à l'arrivée, ces personnes sont disponibles, exécutent leurs tâches avec le sourire, distribuent de l'eau, du lait, des encouragements. Bénévolement.

«À vélo, certains ferment les rues, donnent des renseignements. Ils sont partout», explique Joëlle Sévigny. Les participants roulent, mais ce n'est pas une course. Les bénévoles, quant à eux, trouvent là le sens de la fête. Elle est pour eux aussi.

Chaleur humaine, solidarité et plaisir. Claude Berthiaume, dont la participation consiste à coller des timbres, à expédier des enveloppes, à passer le balai, a 68 ans. Il persiste fidèlement. Un souvenir magique s'est collé à sa mémoire. «Une petite participante de 6 ans. Elle avait encore ses roues d'entraînement en arrière. Elle pensait ne pas pouvoir grimper une pente raide. J'ai tapé des mains, je l'ai encouragée du mieux que j'ai pu: Vas-y, t'es capable! Arrivée en haut, elle s'est retournée et m'a souri. Ce fut le bonheur de ma journée!»

Le chandail rouge

Jean-Yves Rioux, lui, est heureux avec peu. Un chandail rouge. Des épinglettes en cadeau. Mais rien ne vaut, «quand il fait chaud, une petite pluie en prime». En commençant, il y a 25 ans, il ne pensait pas qu'il serait un véritable accro du bénévolat du Tour de l'île. «On s'amuse avec le groupe, on se fait des amis.» Il est aujourd'hui à la retraite.

Dans ce groupe, précise-t-il, il y a toutes sortes de gens. Classe sociale, sexe, âge, handicaps, rien ne les différencie. Leur dénominateur commun: la passion du vélo.

Il est habile mécano. Alors il roule avec ses outils et ses pièces pour aider les cyclistes en panne. «Je roule évidemment avec eux. Les participants sont rarement équipés.» Il aide aussi les plus jeunes bénévoles en leur donnant quelques conseils de mécanique. Il faut une relève pour assurer la pérennité de la fête.

Rouler plus loin

«Pour que les jambes avancent, ça prend une tête.» Michel Carreau rend hommage aux organisateurs. «Les gouvernements manquent le bateau en n'aidant pas davantage cette fête. Heureusement qu'on a des magiciens à la barre de ce bateau!»

Il rappelle, philosophe, qu'il y a au moins un deux-roues dans chacune des maisons du Québec, que c'est l'un des grands moyens de rester en forme. «En plus, c'est écologique et ça ne coûte pas cher.» Il ajoute en riant que l'effort de grimper une côte, ça défoule.

«C'est formidable de rouler, dit-il. C'est la liberté. Pas de problème de stationnement en ville. On peut tout faire: partir en pique-nique, visiter un musée, etc.» Il y a 13 ans, en juin, pour le Tour de l'île, il n'était pas seul. Sa fille de 3 mois, née au mois de mars, l'accompagnait, bien à l'abri dans son sac kangourou sur sa poitrine.

Il est affecté au départ du parcours: information, orientation des cyclistes...

«C'est tellement une bonne cause! Et puis il y a ceux qui viennent des autres provinces, des autres pays. Vraiment une mini-société. On se parle et on crée des liens.»

Il conclut, enthousiaste, en parlant à la fois du Tour de l'île et du cyclisme en général: «On se dépasse, on s'affirme. Et on apprend beaucoup sur soi-même.»

On se dépasse, on s'affirme. Et on apprend beaucoup sur soi-même.