Sur deux jambes bien solides et une planche performante, Jasey-Jay Anderson a remporté en janvier le slalom géant en parallèle des Championnats du monde de surf des neiges à Gangwon, en Corée du Sud.

L'athlète de 33 ans s'est battu à Gangwon pour vaincre «une piste raide et glacée» avec trous et variations, a-t-il déclaré aux journalistes à l'issue de sa descente, et s'offrir avec soulagement le rêve associé à la médaille d'or: sa participation aux Jeux olympiques de Vancouver de 2010. Avec cette victoire, il s'est assuré sa sélection automatique sur la liste prioritaire, selon les règles établies par la fédération canadienne. Le bonheur total pour le planchiste qui en est à son quatrième titre mondial. Premier des qualifications, il a franchi avec succès quatre rondes éliminatoires de deux manches chacune. Il faut aussi rappeler que l'athlète originaire de Mont-Tremblant, qui a consacré sa vie à son sport, a connu une soixantaine de podiums en Coupe du monde depuis 1996. «Il faudrait peut-être que je les compte», dit-il en riant.

La Presse et Radio-Canada soulignent ses performances exceptionnelles en le nommant Personnalité de la semaine.

L'élite sportive

Jasey-Jay Anderson appartient à une élite sportive; avec des résultats éloquents bien sûr, mais surtout par la détermination qu'il met dans chacune des épreuves sportives auxquelles il participe. Il est là pour gagner. Il se fixe l'objectif de la première place. «J'y vais», s'est-il exclamé au journaliste de La Presse Simon Drouin, en parlant des Jeux de Vancouver. Mais c'est aussi le signal du départ pour chacune des compétitions sportives.

À 14 ans, il pratiquait le ski alpin partout sur les montagnes du monde. Talentueux et fonceur. Mieux adapté à la récréation sportive qu'à l'attention sur un banc d'école. Falaises, kayak, vélo de montagne, il collectionnait toutes les médailles.

Un jour au centre de ski Belle-Neige dans les Laurentides, il a découvert un sport nouveau: la planche à neige. Intrigué et séduit, il en a peaufiné la technique et l'équipement au fil des années. Il a su s'adapter aux circonstances, aux changements, à l'évolution des épreuves.

Aujourd'hui, à 33 ans, il mesure le chemin parcouru et son corps lui donne parfois des petits rappels physiques, aux genoux et au dos, liés à un sport qui ne fait pas de quartier. «Il faut être prêt autant sur le plan mental que physique», a-t-il rappelé lors de son entrevue avec Simon Drouin. Revenu de trois Jeux olympiques sans succès notoire, il compte bien maintenir le tempo victorieux et faire honneur à son pays. On se rappellera qu'en 2005, aux Mondiaux de Whistler, en Colombie-Britannique, il avait remporté deux épreuves sous une pluie glaciale. Il s'était battu comme un tigre pour ne pas décevoir ses supporteurs.

Papa planchiste

La vie de ce garçon «posé et sage», selon ce que son père me révélait au cours d'une entrevue lors de la victoire de son fils à Whistler, a commencé le 13 avril 1975, et semble être placée sous une bonne étoile. Lorsqu'on évoque ses supporteurs, on parle d'abord et avant tout de son père, sa mère et son frère, qui l'ont toujours encouragé et soutenu. À l'adolescence, il a fallu qu'il démontre toutefois que sa passion n'était pas passagère. Son père Jay, entrepreneur connu de Val-Morin, a exigé à l'époque qu'il ne prenne aucune décision définitive quant à son avenir avant la fin du cégep, à 18 ans. Le fils a tenu parole.

JJ, comme on l'appelle familièrement, ne pavoise pas à l'issue d'une victoire. C'est un champion modeste, plutôt enclin à vanter son équipement ou le dévouement des gens qui l'entourent. Ses exploits sportifs, comme pour tous les planchistes, peuvent donner lieu parfois à de vives inquiétudes. À le voir ainsi pousser la machine en équilibre sur une planche, à grande vitesse, une chute sur le dos est toujours à craindre. Jasey-Jay a récolté quelques commotions cérébrales au cours de sa carrière.

Aujourd'hui à Mont-Tremblant, sa famille, c'est Manon Morin, sa compagne depuis de nombreuses années, et leurs deux enfants: Jora, 3 ans, et Jy, 2 ans. Doit-on s'étonner de les voir évoluer en skis déjà, quand leur mère elle-même est une athlète? «Je voudrais consacrer mon temps et mon énergie à mes deux filles que j'adore.»

Mais leur père, loin de la maison, supporte de plus en plus difficilement leur séparation à l'occasion des épreuves sportives qui ont lieu à l'étranger. Il aimerait que les filles profitent davantage de sa présence et vice versa.

Papa rêve du jour où, après sa médaille d'or aux Jeux olympiques, il pourra peut-être se consacrer à l'agriculture, son autre passion étant la culture des bleuets. Il va sans doute prendre sa retraite après les Jeux olympiques de Vancouver. «Ce sera une retraite progressive car j'aimerais éventuellement faire du coaching. Le jeune qui pratique ce sport développe son plein potentiel qui pourra lui être utile pour le restant de sa vie. Ce sport véhicule de très belles valeurs.»

Il reste plusieurs mois d'attente, quelques épreuves entre-temps, et un entraînement rigoureux qui va mener le champion québécois vers de nouveaux sommets.