La Société de transport de Montréal (STM) appréhende un déficit accumulé de 20 millions d'ici la fin de 2013, en raison d'une augmentation importante de ses versements au service de la dette et de revenus moins élevés que prévu provenant du partage métropolitain des taxes sur l'essence.

Dans une entrevue accordée à La Presse, Michel Labrecque, président de la STM, a tenu à relativiser l'ampleur du «trou» de 20 millions dans le budget annuel de 1,3 milliard. Cela représente 1,5% des dépenses prévues en 2013.

Il estime toutefois que le «manque à gagner» prendra des proportions alarmantes d'ici quelques années si la STM ne dispose pas d'une nouvelle source de revenus pour financer la mise en oeuvre de son plan stratégique 2020 de 12 milliards, qui entre dans sa troisième année.

La situation budgétaire est telle, affirme M. Labrecque, que si le gouvernement du Québec décidait aujourd'hui de prolonger la ligne 5 du métro vers Anjou, dans l'est de Montréal, il ne serait «pas en mesure de les accoter» et d'assumer les coûts inhérents à un tel projet.

Pour équilibrer le budget 2013, publié en octobre, la STM a inscrit à ses revenus une «nouvelle contribution régionale» de 20 millions de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui regroupe les

82 municipalités de la banlieue et de l'île de Montréal.

Cul-de-sac

Le président a toutefois reconnu qu'aucune «nouvelle contribution» en provenance de la CMM, des municipalités ou du gouvernement du Québec n'est en négociation ou en discussion à l'heure actuelle. De son propre aveu, «les planètes ne sont pas alignées pour ça» en 2013.

Ce cul-de-sac budgétaire survient, paradoxalement, au moment où la clientèle afflue et où des projets d'investissements, longtemps attendus, commencent à se concrétiser. La STM devrait enregistrer d'ici le 31 décembre un nouveau record d'achalandage d'environ 410 millions de déplacements en 2012.

La nouvelle année marquera aussi l'arrivée d'une première rame de la prochaine génération de voitures de métro, qui sera mise à l'essai sans passagers.

Enfin, Québec a approuvé la prochaine phase d'un programme de modernisation des équipements fixes du métro, doté d'un budget de 500 millions - qui sera étalé sur sept ans au lieu de cinq.

Ces investissements et ces nouveaux services étaient prévus dans le plan stratégique de la STM, adopté en 2010. Ce plan prévoyait des investissements de 12 milliards sur une période de 10 ans et une hausse d'achalandage pour atteindre 540 millions de déplacements par année dans le métro et les autobus de la STM d'ici 2020.

Taxe additionnelle

La mise en oeuvre de ce plan, qui entre dans sa troisième année, a toutefois un coût. La STM prévoyait s'en acquitter grâce aux revenus d'une taxe additionnelle de 5 cents le litre d'essence, étalée sur 10 ans, ou par une refonte gouvernementale du financement des transports en commun. Elle n'a obtenu ni l'une ni l'autre.

«On ne l'a jamais caché. C'était la première condition de réussite du plan 2020: une nouvelle source de financement dédiée, indexée et récurrente. Tout le monde a approuvé le plan. Nous avons demandé à plusieurs reprises au gouvernement du Québec de permettre à la région de prélever une taxe additionnelle sur l'essence. La Ville de Montréal, la CMM l'ont fait aussi.»

En vertu de ce plan, les besoins de financement additionnels de la STM s'élevaient à 106 millions pour la prochaine année.

Le report de projets d'investissements, une hausse des tarifs supérieure à l'indexation et diverses mesures appliquées à l'interne ont réduit le manque à gagner à 10 millions pour la prochaine année. Cette somme s'ajoute au «trou budgétaire» similaire de 10 millions qui apparaissait déjà au budget de la STM en 2012.