Entre cinq et six cents manifestants à vélo ont parcouru dimanche en milieu de journée le centre de Montréal pour dénoncer la hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement québécois, mais aussi la tenue du Grand Prix de Formule 1 et le pouvoir en général.

Loin du circuit où, au même moment, vrombissaient les bolides du Grand Prix du Canada, les cyclistes ont roulé joyeusement à travers des rues presque vides, accompagnés de coups de sifflets, de cornes de brume et de casseroles, que certains avaient fixés à leur monture, et salués par les passants et les klaxons des automobilistes.

«La crise étudiante est devenue une crise sociale avec plein de causes qui étaient cachées jusqu'à présent par la tradition de non-confrontation propre au Québec», expliquait tout en pédalant un jeune barbu, Sébastien Grenier, «étudiant en histoire à l'Université du Québec et travailleur à temps plein».

«Nous manifestons pour nous réapproprier l'espace public. La politique traditionnelle ne nous représente plus», ajoutait-il. Sa jeune camarade, roulant à côté, avait orné sa selle d'une pancarte: «Loi 79 fasciste», en référence à une loi spéciale adoptée dans la province francophone pour limiter les manifestations et tenter de mettre fin au conflit étudiant.

«Silence, crions plus fort pour que personne ne nous ignore», scandaient les cyclistes, dont beaucoup étaient vêtus de rouge, symbole de la révolte étudiante, avant de huer le nom du premier ministre québécois Jean Charest, ferme partisan d'une hausse des frais de scolarité.

Depuis février, le conflit opposant étudiants et gouvernement québécois a débouché sur des manifestations quasi quotidiennes, émaillées parfois d'incidents violents et d'arrestations.