La transformation de l'ancien couvent Mont-Jésus-Marie en condos de luxe a provoqué des échanges musclés au conseil municipal, hier soir. Mais les élus n'avaient pas encore tranché sur le projet au moment de mettre sous presse. L'administration Tremblay n'avait pas obtenu la garantie que le nouveau recteur de l'Université de Montréal souhaite toujours vendre le bâtiment au Groupe F. Catania.

Des dizaines de citoyens qui s'opposent à la transformation de l'ancien couvent se sont présentés au micro pour dénoncer le projet, tandis que les partis de l'opposition ont accusé l'administration Tremblay de vouloir «dépecer» le mont Royal. Mais en fin de soirée, on ignorait toujours si les trois résolutions sur le projet allaient être débattues et adoptées.

 

C'est que parallèlement à la réunion du conseil municipal, l'administration de l'Université de Montréal était en voie de se choisir un nouveau recteur. Et puisque c'est l'institution qui vend le bâtiment au promoteur, l'administration Tremblay souhaitait s'assurer que le successeur de Luc Vinet était favorable à la transaction.

«Si nous recevons (hier) soir ou (ce matin) au plus tard une lettre du nouveau recteur à l'effet qu'il réitère la demande du conseil d'administration de l'Université de Montréal de donner suite à la vente de l'immeuble, à ce moment, nous aurons à faire le débat au conseil municipal», a expliqué le maire Gérald Tremblay à une citoyenne.

L'Université a annoncé en fin de soirée que Guy Breton allait succéder à M. Vinet, ce qui porte à croire que l'institution restera favorable au projet. M. Breton a en effet été délégué pour défendre la transaction à l'Office de consultation publique de Montréal, l'an dernier.

Mais le nouveau recteur n'avait pas encore communiqué ses intentions à la Ville.

Le maire favorable

Reste que le maire a clairement affiché ses couleurs: il est favorable au projet, qui a été jugé «acceptable» par l'Office de consultation publique de Montréal. Il souligne que la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, appuie le projet elle aussi.

La semaine dernière, le recteur Vinet a expédié une lettre au maire Tremblay dans laquelle il réitérait son appui à la vente du bâtiment au Groupe F. Catania. La transaction rapportera 21 millions à l'Université de Montréal, une somme qui servira de mise de fond pour la mise en chantier de l'École de santé publique au centre-ville.

«On arrive à un point où l'Université démontre hors de tout doute une volonté de vendre ce bâtiment, a déclaré M. Tremblay. Quant au nouveau recteur, j'attends.»

Des cols bleus manifestent

Par ailleurs, les cols bleus ont profité de la réunion mensuelle du conseil municipal pour organiser une vaste manifestation devant l'hôtel de ville. Des centaines de travailleurs se sont rassemblés devant le bâtiment, sous la surveillance de quelques policiers.

Le président du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, Michel Parent, a interrogé le maire sur le nombre d'élus et de cadres municipaux. Mais le maire a répliqué que la Ville n'a pas les moyens de payer les demandes de syndiqués.

«L'administration Tremblay tient un double discours, a dénoncé M. Parent à sa sortie du conseil. Elle dit qu'elle a un problème financier à Montréal, mais elle jette son argent par les fenêtres.»