Avec son salaire annuel de 120 000$, Michel Labrecque coûtera quatre fois plus cher à la STM en 2010.

M. Labrecque a reçu 29 875,28 $ pour présider le conseil d'administration de la STM, en 2009. Il était alors conseiller d'Union Montréal dans le Plateau-Mont-Royal. Son salaire s'ajoutait à celui qu'il gagnait comme élu, 48 851 $, et à la prime pour siéger à la Commission sur les grands équipements et les activités d'intérêt d'agglomération.

Au total, M. Labrecque a gagné 123 134,28 $ en 2009, en tenant compte du régime de retraite et de l'allocation de dépenses accordés à tous les élus. Mais la STM ne lui a versé que le quart de cette somme.

Cette année, il gagnera 120 000 $, sans régime de retraite. Mais comme il n'est plus conseiller municipal - il a été battu aux élections de novembre -, la STM lui verse la totalité de ce salaire. L'organisme public le paie donc quatre fois plus que l'an dernier.

Un élu avait toujours occupé la présidence de la STM jusqu'à ce que le maire Gérald Tremblay désigne Michel Labrecque au lendemain des dernières élections. Il l'a nommé comme représentant des usagers au conseil d'administration, et le conseil l'a ensuite nommé président.

Temps plein

En entrevue, le principal intéressé souligne que la STM en a pour son argent, car il travaille désormais à temps plein. Comme conseiller, il ne pouvait consacrer qu'une vingtaine d'heures par semaine à ses obligations comme président. Maintenant, il travaille régulièrement jusqu'à 60 heures.

«Le maire m'a demandé de faire ce travail à temps plein, avec une description de tâches assez précise, indique M. Labrecque. C'est lié au mandat de travailler très fort pour résoudre les problèmes de cadre financier qui perdurent depuis longtemps.»

Ce nouvel horaire, dit-il, lui permet de multiplier les représentations, de faire davantage le lien entre la Ville, les fonctionnaires de la STM et le gouvernement, bref d'accélérer les projets.

Michel Labrecque a dirigé l'organisme Vélo Québec de 1985 à 2000, période au cours de laquelle il a contribué à mettre sur pied la Maison des cyclistes, le Tour de l'île de Montréal et la Route verte. Il a aussi présidé le Conseil régional de l'environnement de Montréal, ainsi que le festival Montréal en lumière.

L'opposition a critiqué la décision du maire de le nommer de nouveau à la tête de la STM, malgré sa défaite aux élections. Vision Montréal a dénoncé cette «astuce» qui permettait à un non-élu d'occuper un emploi-clé dans une société publique. Projet Montréal avait souligné l'urgence de dépolitiser le poste.

Un déficit de 40 millions

En dévoilant son budget, le mois dernier, la STM a annoncé qu'elle bouclerait l'année 2010 avec un déficit de 40 millions. En marge de cette présentation, la direction a prévenu que sans coup de pouce financier de Québec, le déficit augmentera dans les prochaines années.

Le maire Gérald Tremblay martèle depuis des semaines que Québec doit financier davantage les transports collectifs. Les villes de la Communauté métropolitaine de Montréal se sont d'ailleurs entendues pour réclamer une taxe d'accise de 2 cents par litre d'essence pour régler les déficits chroniques des organismes de transports collectifs.

Michel Labrecque assure que le message du maire n'est guère contredit par la charge supplémentaire que représente son augmentation de salaire. Après tout, dit-il, M. Tremblay a envoyé un signal clair de l'importance qu'il accorde aux transports collectifs lorsqu'il a augmenté les dépenses de près de 60 millions dans ce domaine dans son dernier budget.