Vélo Québec, organisme à but non lucratif qui reçoit des subventions de la Ville, a loué pour 100$ ses locaux au parti du maire Gérald Tremblay, le jour des élections, afin d'y installer une centrale téléphonique. C'est l'une des trois «perles» de dépenses électorales qu'a révélées Projet Montréal, hier.

Le deuxième parti de l'opposition à l'hôtel de ville a scruté les dépenses électorales d'Union Montréal, rendues publiques la semaine dernière. La conseillère Émilie Thuillier estime que certaines d'entre elles «démontrent un manque flagrant d'éthique».

 

Union Montréal a installé une centrale téléphonique dans les locaux de Vélo Québec, qui a reçu des subventions de plus de 300 000$ de la Ville au cours des dernières années. L'entreprise a aussi fourni des lunchs aux 115 personnes qui y ont passé la journée. La facture totale: un peu plus de 1000$.

Mme Thuillier affirme que l'utilisation des locaux de Vélo Québec à des fins partisanes soulève des questions sur «la moralité» du parti du maire, et sur l'impartialité de l'organisme.

«Des citoyens pourraient penser que la Ville va donner plus d'argent à des organisations «amies» qu'à d'autres organisations qui sont peut-être tout aussi compétentes, sinon plus», a dénoncé la conseillère.

La directrice générale de l'organisme, Suzanne Lareau, n'a jamais caché son appui à l'ex-candidat d'Union Montréal, Michel Labrecque, président de Vélo Québec de 1985 à 2000. Elle assure que c'est à titre personnel qu'elle l'a fait, et que cette position n'engage en rien son entreprise.

Elle affirme que c'est elle qui a décidé de «prêter» un local de Vélo Québec à l'équipe de M. Labrecque, et qu'il «n'y a rien de malhonnête là-dedans».

«C'est moi qui ai pris la décision de prêter un local pour la campagne de Michel Labrecque, a-t-elle indiqué. C'est tout simplement une décision que j'ai prise, ce n'est pas Vélo Québec.»

Par voie de communiqué, Union Montréal a souligné que les frais de 100$ pour une journée équivalent à un loyer de 3000$ par mois. Le parti fait valoir que toutes ses dépenses respectent la loi.

«Lorsque Projet Montréal et Richard Bergeron dénoncent cette formule, c'est à l'ensemble des partis municipaux et provinciaux qu'ils s'attaquent, ainsi qu'à un modèle démocratique et à des institutions qui ont fait leurs preuves», peut-on lire dans le document.

Projet Montréal dénonce aussi que le directeur général de la Société du parc Jean-Drapeau, Christian Ouellet, se soit fait rembourser des dépenses électorales par Union Montréal.

M. Ouellet confirme qu'il a milité pour Union Montréal lors de la dernière campagne. Il a prêté main-forte à sa conjointe, Andrée Champoux, qui a finalement été élue dans Verdun. Il a remboursé certaines dépenses engagées par des bénévoles, et les a réclamées par la suite.

La porte-parole de l'organisme, Nathalie Lessard, affirme par ailleurs qu'il s'agit d'une société paramunicipale dotée de son propre code de déontologie. Ses employés ne sont donc pas tenus au même devoir de neutralité que les autres employés municipaux.

«Toute personne qui travaille à la Société du parc Jean-Drapeau a le droit d'être membre d'un parti politique», a-t-elle souligné.

Le parti de Richard Bergeron s'est par ailleurs étonné du salaire versé à Christiane Miville-Deschênes pendant la campagne. Union Montréal lui a versé 22 790$ pour qu'elle conseille l'équipe du maire pendant les élections, un salaire de plus de 500$ par jour.

Les contribuables de Montréal se retrouveront avec une bonne partie de ces factures, dénonce Émilie Thuillier, puisque la loi oblige la Ville à rembourser la moitié des dépenses électorales à tout candidat qui recueille plus de 15% des votes.