Le vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Michael Applebaum, et le maire de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, se sont lancé quelques piques hier sur fond de déneigement et sur l'opportunité (ou non) d'appuyer les cols bleus dans leur grève tournante.

M. Applebaum dénonce avec vigueur la décision de M. Ménard de participer à une manifestation des cols bleus dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, dont il est le maire, alors qu'il a fallu l'intervention du Conseil des services essentiels (CSE) pour assurer l'épandage d'abrasifs.

M. Ménard, membre de Vision Montréal, l'opposition officielle à l'hôtel de ville, réplique que les cols bleus doivent respecter les ordonnances du CSE, mais qu'ils ont le droit de débrayer et d'avoir une convention collective négociée, ce qu'ils attendent depuis deux ans et demi.

«Il (M. Ménard) a décidé d'appuyer les cols bleus, a déclaré M. Applebaum, qui avait convoqué un point de presse pour partager ses états d'âme. L'objectif des élus est d'appuyer les citoyens et d'assurer une bonne qualité de services. De s'assurer qu'il y a de la sécurité. Hier matin, M. Ménard a décidé qu'au lieu d'appuyer les citoyens, il appuyait les cols bleus. Je trouve ça déplorable. Je pense que son comportement était irresponsable.»

Jeudi, les 251 cols bleus de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve ont débrayé dans le cadre d'une grève tournante. Auparavant, ils s'étaient entendus avec le CSE pour que huit travailleurs soient affectés à l'épandage d'abrasifs. Comme prévu, sept chauffeurs de camion étaient au travail à 7h mais pas l'opérateur de la chargeuse. Résultat: l'opération a pris près de trois heures de retard et il a fallu un rappel du CSE pour ramener les choses à l'ordre.

Plus tard, dans un point de presse, Réal Ménard a répliqué à M. Applebaum. «Ce que j'ai dit est que je souhaite que les cols bleus respectent les ordonnances du Conseil des services essentiels. Je l'ai dit au micro. Il n'y avait pas de cachette dans ça. Et je leur ai dit que j'appuyais leur droit d'avoir un contrat de travail négocié. Je tiendrais le même discours à l'endroit des policiers et des pompiers. Je ne trouve pas responsable qu'une administration n'ait pas négocié avec une force de travail aussi importante que les cols bleus depuis 2007.»

Jeudi, La Presse a rapporté que M. Ménard avait invité les cols bleus à respecter les ordonnances. «Ils n'auront pas l'appui de la population et des élus s'ils ne respectent pas les services essentiels», avait-il dit.

Jusqu'à maintenant, la Ville de Montréal s'est entendue avec les deux tiers de ses employés syndiqués. Il reste à régler les conventions collectives des policiers et des pompiers (en arbitrage dans les deux cas), et celle des cols bleus. La Ville offre des hausses salariales de 0,2%, 2% et 2% pour les années 2007 à 2010. Les cols bleus veulent davantage, affirme M. Appelbaum. «Leurs demandes équivalent à 35 millions de dollars. Les contribuables n'en ont pas les moyens.»

M. Ménard souhaite pour sa part que la Ville montre plus de souplesse dans ses négociations, notamment en faisant moins appel au secteur privé. Entre 2005 et 2009, les contrats de sous-traitance atteignent plus de 450 millions, soutient-il.