Le nouveau maire de Rivières-des-Prairies, Joe Magri, a publié au début de janvier des annonces pour vendre des maisons, et ce, même si son permis d'agent immobilier est suspendu depuis le 10 décembre. Un geste interdit selon l'Association des courtiers et agents immobiliers du Québec (ACAIQ).

Dans la première livraison de l'année du Corriere italiano, hebdomadaire local diffusé dans l'est de la métropole, une publicité de M. Magri annonce la mise en vente d'un duplex à 419 000$ et d'une habitation de prestige à Rivière-des-Prairies au coût de 879 000$. La photo de M. Magri, son numéro de téléphone ainsi que son site internet d'agent immobilier figurent sur la publicité. La mention «agent immobilier agréé» est aussi visible.

 

En plus de l'annonce dans le Corriere italiano, des annonces identiques ont circulé sur les sites internet de plusieurs hebdomadaires de l'est de l'île, dont l'Informateur de Rivière-des-Prairies et Progrès Saint-Léonard.

Selon le site web de l'ACAIQ, M. Magri a suspendu son permis d'agent immobilier depuis le 10 décembre, une information confirmé par Denis Gaumont, porte-parole du cabinet de M. Magri. Or, un agent dont le permis est suspendu n'a pas le droit d'afficher de publicité, d'après la porte-parole de l'ACAIQ, Stéphanie Fournier,

Interrogé à ce sujet, M. Gaumont assure que M. Magri n'est plus agent immobilier et qu'il n'a pas publié d'annonce pour vendre ses maisons. «Remax Excellence reconnaît qu'une erreur a été commise. Des mesures ont été prises afin de mettre un terme à la parution», dit-il.

Une porte-parole de Remax Excellence affirme plutôt que les courtiers immobiliers de l'entreprise «sont autonomes» et qu'ils «s'occupent eux-mêmes de placer leurs publicités».

Très actif

Même s'il n'a plus de permis d'agent, M. Magri n'a pas complètement abandonné sa passion pour l'immobilier. Le maire est toujours actionnaire minoritaire de l'entreprise Habitations Magribec. Cette entreprise d'entrepreneurs généraux a bâti au moins quatre projets d'appartements en copropriété à Saint-Léonard et Rivières-des-Prairies au cours des dernières années.

Dernièrement, M. Magri a aussi décidé de se lancer dans le réseau des garderies. Il a obtenu une subvention du ministère de la Famille pour la construction de deux garderies privées. L'une des garderies de M. Magri sera construite à Montréal-Nord et comptera 70 places. L'autres, de 60 places, sera érigée à Blainville.

Comme le soulignait La Presse la semaine dernière, M. Magri est un ami très proche du ministre de la Famille, Tony Tomassi. Les deux hommes martèlent que leur amitié n'a pas influé sur l'attribution des subventions pour les places en garderies.

M. Magri, qui s'investit dans ce projet avec sa conjointe, Josie Magri, et une autre partenaire, dit qu'il a simplement répondu aux appels d'offres sortis en 2008 et que ses projets ont été choisis car ils sont de qualité.

Contributions au PLC

Le processus d'attribution de places en garderie avait soulevé plusieurs questions à la fin de la dernière session parlementaire. Le député péquiste Nicolas Girard avait démontré que des propriétaires de garderies privées avaient contribué pour la première fois à la caisse du Parti libéral en 2008 et avaient obtenu la même année une subvention pour de nouvelles places.

M. Magri est donc un homme fort occupé. Mais ses actions ne violent pas la loi. «Un élu n'a pas l'interdiction d'avoir plusieurs emplois», mentionne Marie-Claude Prémont, juriste à l'École nationale d'administration publique.

L'élu doit toutefois déclarer ses intérêts et s'abstenir de voter des résolutions le plaçant en conflit d'intérêts. Selon M. Gaumont, M. Magri a fait une déclaration de ses intérêts en 2005, et chaque année depuis.

Avec la collaboration d'André Noël