La Société de transport de Montréal (STM) réclame la mise en place de mesures préférentielles pour que ses autobus circulent dans l'axe du futur boulevard Bonaventure au lieu d'emprunter le tracé prévu dans le quartier de Griffintown, au sud du centre-ville.

Dans un mémoire soumis à l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM), la STM estime que le détournement de ses autobus vers le futur couloir Dalhousie «occasionnera une augmentation des temps de déplacement de la clientèle montréalaise», estimée à 11 000 passagers par jour, dans ce secteur de la ville.

 

Cet avis a été déposé discrètement cette semaine, sans présentation orale, dans le cadre des audiences de l'OCPM sur le projet de démantèlement partiel de l'autoroute Bonaventure, proposé par la Société du Havre de Montréal (SHM).

Ce projet de 140 millions de dollars prévoit ramener au sol une partie de l'autoroute Bonaventure sur une distance d'environ 1 km, entre la rue Brennan, à hauteur du canal de Lachine, et la rue Saint-Jacques, au coeur du centre-ville.

La transformation de l'autoroute en boulevard ouvrirait la voie à un grand projet de réaménagement urbain de plus de 1,5 milliard de dollars: le quartier Bonaventure.

Le projet prévoit la création d'un couloir exclusif pour les autobus à l'ouest du boulevard Bonaventure, rue Dalhousie, dans le secteur de Griffintown, à un coût de 120 millions.

Selon la Société du Havre, ce couloir permettrait d'améliorer le temps de déplacement de dizaines de milliers d'usagers qui voyagent quotidiennement par autobus entre la Rive-Sud et le centre-ville. Plus de 1600 autobus l'utiliseraient chaque jour.

Vive opposition

Cette partie du projet soulève une vive opposition des résidants ainsi que des propriétaires d'immeubles et de commerces de Griffintown, qui craignent une nette détérioration de leur qualité de vie. Lundi, aux audiences de l'OCPM, le conseil de l'arrondissement du Sud-Ouest de Montréal s'est publiquement opposé à l'aménagement du couloir Dalhousie.

La STM, elle, ne s'oppose pas au couloir, mais elle refuse que ses autobus soient contraints de l'utiliser.

Selon le mémoire, les usagers de la STM qui se dirigent vers le centre-ville le matin subiraient des retards moyens d'environ trois minutes en suivant le couloir Dalhousie.

«En pointe de l'après-midi, affirme la STM, seule la clientèle de la STM verrait ses temps de déplacement augmenter, contrairement aux autos et au transport collectif régional» en direction de la Rive-Sud.

«Quoique novateur pour le transport collectif régional, explique le mémoire, le corridor Dalhousie ne constitue pas un avantage pour la clientèle de la STM. Les besoins en déplacements locaux, actuels et futurs, se feront sentir à l'est et tout au long de l'axe Bonaventure.»

La STM recommande donc «une nouvelle répartition des voies de circulation» dans l'axe Bonaventure, qui permettrait la création de voies réservées aux autobus dans les rues Nazareth et Duke, à l'est du futur boulevard, plutôt qu'à l'ouest, rue Dalhousie.

Le projet nécessiterait la création d'autres voies réservées sur de courts tronçons des rues University et Wellington, et l'implantation de mesures préférentielles pour favoriser la circulation des autobus. La STM recommande de plus de «prévoir l'intégration des cyclistes dans le secteur du quartier Bonaventure».

Le coût des «améliorations» proposées est estimé à environ 3 millions de dollars par la STM et serait «admissible au Programme d'aide du transport collectif du ministère des Transports du Québec».