Le maire Gérald Tremblay s'apprête à briser avec la tradition de ses deux premiers mandats à la tête de Montréal en augmentant les taxes des contribuables, en 2010.

Cette hausse sera au moins à la hauteur de l'inflation, soit d'environ 1,5%, mais si on ajoute la taxe d'eau, celle pour la voirie, et la probable introduction d'une taxe d'affaires, les citoyens devront absorber une hausse moyenne de 6%, selon les informations obtenues par La Presse. Tout ça sans compter les taxes locales, présentes dans sept arrondissements de Montréal, et dont le nombre pourrait augmenter.

Le budget 2010 de la Ville de Montréal sera déposé mercredi prochain, devant les élus de l'exécutif, avant d'être dévoilé publiquement par le nouveau responsable des finances, Alan DeSousa. Il s'articulera autour de quatre grands axes d'investissements : les transports en commun, l'environnement, la sécurité et le développement économique. L'administration devrait aussi annoncer une première étape en vue d'implanter des péages à l'entrée de l'île de Montréal. À ce chapitre, le maire s'est déjà engagé à tenir des consultations.

La hausse des charges fiscales est devenue un secret de Polichinelle, au cours de la campagne électorale, quand Gérald Tremblay a qualifié «d'irréaliste» l'engagement de sa plus proche rivale, Louise Harel, de geler les taxes. Partout dans les médias, il a martelé qu'il fallait au moins un ajustement au niveau de l'inflation. Selon des scénarios étudiés par le service des finances de la ville centre, et dont La Presse a pu prendre connaissance à l'automne, une hausse de 16% sur quatre ans pourrait être nécessaire afin de pallier un déséquilibre budgétaire actuel d'environ 200 millions.

Afin de ne pas tout puiser dans les poches des contribuables, il est fort probable que l'administration municipale demande aux 19 arrondissements, qui représentent près du quart du budget, de couper dans leurs dépenses. À ce sujet, les directions des arrondissements ont reçu une note juste avant les Fêtes les préparant à une ponction de 40 millions dans leurs investissements. Pour mieux faire passer la pilule, le maire Tremblay s'est engagé à réserver une enveloppe de 12 millions pour moderniser et rénover les installations sportives. Il annoncera aussi la création d'un programme pour les grands parcs et parcs locaux, avec un investissement de 21 millions par année.

L'opposition tenue à l'écart

Tant du côté des élus du parti de Vision Montréal que de Projet Montréal, on appréhende le dévoilement du budget 2010, qui sera d'un peu plus de 4 milliards, comme en 2009. Louise Harel a décliné une demande d'entrevue cette semaine, préférant attendre le dépôt du budget. Du côté de Projet Montréal, le chef Richard Bergeron, qui siège pourtant au comité exécutif, a fait savoir par l'entremise de son attaché de presse qu'il n'a reçu aucune information de la part de l'administration Tremblay.

L'un de ses bras droits, Josée Duplessis, conseillère du district DeLorimier, dans le Plateau-Mont-Royal, affirme que le manque à gagner atteint déjà 28 millions dans son arrondissement. Elle craint que l'arrondissement soit obligé de réduire les services.

«Présentement, notre budget d'investissements ne sert qu'à boucher les trous dans l'asphalte, déplore-t-elle. À acheter l'épicerie, comme on dit. Plusieurs de nos installations tombent en décrépitude, notamment les jeux d'enfant dans le parc De Lorimier. Si on nous demande de réduire nos dépenses de 40% de plus, la situation sera intenable.»

De l'avant avec le tramway

Outre des sommes pour prolonger la ligne bleue du métro vers l'est, et la navette ferroviaire entre le centre-ville et l'aéroport Montréal-Trudeau, le budget 2010 devrait contenir les premiers investissements concrets en vue de l'implantation du tramway. Une enveloppe de 5 millions par année devrait par ailleurs être annoncée pour atteindre l'objectif de 800 km de pistes cyclables, d'ici 2013. Il faudra surveiller la contribution accordée à la Société de transport de Montréal, qui atteignait 332 millions en 2009.

Au chapitre des grands projets, l'équipe du maire Tremblay a déjà annoncé son intention de lancer, dès 2010, la première phase du projet du Havre, en abaissant l'autoroute Bonaventure et en relançant Griffintown. Une contribution de 13 millions devrait par ailleurs être annoncée pour le Quartier des spectacles, afin d'assurer une programmation toute l'année. À cela, il faut ajouter des sommes pour réaménager la rue Sainte-Catherine, la promenade des Artistes et le Parterre, ainsi que l'îlot Clark.

Ces projets métropolitains, dont les coûts seront partagés par l'agglomération, donc avec les villes liées, risquent de soulever la grogne dans l'Ouest, où on craint les répercussions des coûts de l'annulation du contrat des compteurs d'eau. Selon nos informations, leur quote-part pourrait augmenter d'au moins 10%, soit 40 millions de plus qu'en 2009, où leur participation représentait 321 millions. Cette augmentation servira à investir dans la sécurité, notamment dans la lutte contre les gangs de rue (750 000 $ par année).

Enfin, l'administration Tremblay entend annoncer l'investissement d'une somme de 104 millions afin de construire quatre nouveaux centres de compostage à grande échelle. Il s'agit d'un dossier cher à Alan DeSousa, responsable des finances et du développement durable. Son Plan de développement durable doit d'ailleurs être remis à jour pour les années 2010 à 2015, en incluant une contribution de 1,5 million pour soutenir la construction du projet de Maison de développement durable.