Le maire de Montréal, qui devient aussi maire de Ville-Marie et président du comité exécutif, a marqué un changement de cap en écartant du comité exécutif trois figures de proue de son administration. Il a aussi fait un geste sans précédent en tendant la main à deux élus de l'opposition pour siéger au coeur du pouvoir décisionnel.

Le maire de Montréal a confirmé ce qui était devenu un secret de Polichinelle dans les couloirs de l'hôtel de ville. Gérald Tremblay devient à la fois maire de Montréal, président du comité exécutif et maire de l'arrondissement de Ville-Marie.Dans une ambiance rappelant davantage un confessionnal qu'une enceinte municipale, le maire de Montréal a aussi annoncé, mardi, qu'il s'occuperait personnellement des dossiers touchant l'international, le capital humain et la jeunesse. Il a fait un autre geste sans précédent en nommant deux élus des partis de l'opposition au comité exécutif, l'équivalent d'un conseil des ministres.

Gérald Tremblay n'a toutefois pu convaincre Louise Harel de siéger à ses côtés. Elle lui avait recommandé de nommer Pierre Lampron, son bras droit, à la culture. Le maire de Montréal s'est plutôt tourné vers la conseillère Lyn Thériault, qui hérite du développement social et communautaire, de la famille et des aînés.

Dans ce qu'il a qualifié de «geste historique», le maire Gérald Tremblay a aussi désigné le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, comme responsable du plan d'urbanisme et de la mise en valeur du territoire. À ce titre, le conseiller municipal du Plateau-Mont-Royal aura un rôle d'avant-plan dans des projets comme l'échangeur Turcot, l'autoroute Bonaventure, le site de Radio-Canada, Griffintown et le Quartier des spectacles.

«Je ne le fais pas par obligation, mais par conviction, a expliqué le maire de Montréal après avoir annoncé la formation de son comité exécutif. Ce n'est pas un geste que je pose seul. Il a été pris avec mon équipe. Et il s'agissait d'une décision pas facile à accepter pour plusieurs», a-t-il concédé.

Le maire a aussi annoncé qu'il conférerait aux commissions municipales des responsabilités plus larges et une obligation de reddition de comptes accrue. L'une de ces commissions est à l'origine du code d'éthique, jugé trop mou par l'opposition officielle. Gérald Tremblay donne à la commission de la présidence jusqu'en janvier pour présenter des recommandations visant à rendre plus transparents les processus décisionnels, comme l'attribution des contrats.

Trois élus écartés

Trois anciennes figures de proue de l'administration Tremblay sont par ailleurs écartées du comité exécutif. Il s'agit de Sammy Forcillo, ancien vice-président de l'exécutif et responsable des infrastructures, de Claude Dauphin, ancien président et responsable de la sécurité publique, qui devient président du conseil municipal, et de Luis Miranda, anciennement responsable du déneigement et du développement économique.

En lieu et place, le conseiller municipal de LaSalle, Richard Deschamps, prend les rênes des infrastructures et de la voirie. Claude Trudel, maire de Verdun et ancien leader de la majorité, s'occupera de la sécurité publique.

Interrogé au sujet de sa rétrogradation, Sammy Forcillo a assuré qu'il n'avait pas l'intention de démissionner de son poste de conseiller dans Ville-Marie. Il souhaite siéger encore un an pour atteindre 30 ans de carrière politique municipale. M. Forcillo ne croit pas avoir été écarté de la garde rapprochée à cause de sa présumée implication dans les scandales. «Je n'ai pas besoin de Valium pour dormir, a-t-il dit. J'ai toujours répondu aux questions des enquêteurs de la police. Je dors très bien.»

Quant à Claude Dauphin, il a dit à La Presse qu'il était très à l'aise avec la décision du maire Tremblay. «C'est ma femme qui sera contente», a-t-il lancé.

Jointe au Mexique, où elle est en vacances pour quelques jours en compagnie de son conjoint, Louise Harel a dit qu'elle avait parlé plusieurs fois avec le cabinet du maire au sujet de la nomination de deux élus de l'opposition au comité exécutif. Elle salue la nomination de Mme Thériault, une femme qu'elle a qualifiée de «discrète».

«Il aurait été antinomique pour moi d'y siéger, estime Mme Harel. Il faut laisser la chance au coureur, on verra ce qui se passera à l'exécutif, mais plusieurs questions sont en suspens. Je me demande, par exemple, comment le chef de Projet Montréal va se positionner s'il y a des hausses des taxes au-delà de l'inflation. Il faut se rappeler que Gérald Tremblay souhaite un vote unanime et solidaire. Et qu'adviendra-t-il du huis clos?»

Visiblement fier de sa nomination, Richard Bergeron espère pour sa part que les membres du comité exécutif parviendront à s'entendre jusqu'aux prochaines élections. Il a même évoqué la possibilité de participer à l'implantation du tramway, une responsabilité qui relève maintenant de Manon Barbe, mairesse de LaSalle.

Outre les nouvelles nominations, des figures connues de l'administration Tremblay conservent leur place au comité exécutif. Alan DeSousa prend du galon en devenant vice-président du comité exécutif et responsable des finances, du développement durable, de l'environnement et des parcs.

Helen Fotopulos, maintenant conseillère dans Notre-Dame-de-Grâce, sera encore responsable du patrimoine, mais la culture s'ajoute à ses responsabilités, en remplacement de la conseillère défaite Catherine Sévigny. Michael Applebaum partagera la vice-présidence, en plus de s'occuper des services aux citoyens (déneigement) et des relations avec les arrondissements. Michel Bissonnet, Mary Deros et Monique Worth ont aussi un siège au comité exécutif. Marvin Rotrand sera leader de la majorité.