Dans le cadre de la réforme de la gestion interne de la Ville de Montréal, le maire Gérald Tremblay pourrait donner plus de responsabilités aux élus qui participent aux commissions municipales et d'agglomération. Il souhaite que ces instances rendent des comptes et étudient de façon plus minutieuse les dossiers dont elles ont la charge, notamment l'attribution de contrats. La chef de Vision Montréal, Louise Harel, partage ce souci de rigueur et de vigilance.

Le maire l'a déclaré jeudi: le fonctionnement de certaines instances devra être revu. Parmi ces instances, les commissions permanentes (six municipales et cinq d'agglomération) sont des instances de consultation publique dont la mission consiste à «éclairer la prise de décision des élus municipaux et à favoriser la participation des citoyens aux débats d'intérêt public».

 

Chacune étudie des dossiers puis fait des recommandations. Une des pistes envisagées par la réforme est que ces instances aient aussi un devoir de rendre des comptes. Dans le passé, même si ces commissions ont permis d'adopter des politiques originales et utiles dans le domaine des finances, de l'environnement ou encore des services aux citoyens, elles échappaient à l'obligation de rendre des comptes, nous dit-on.

Par exemple, dans le dossier du contrat des compteurs d'eau, la commission d'agglomération des finances et de l'administration n'avait, semble-t-il, pas été suffisamment vigilante en 2007, oubliant par exemple de poser des questions sur ce dossier au conseiller qui en était responsable au comité exécutif, soit Sammy Forcillo. Les élus pourraient donc être tenus d'assurer un rôle de vérification et de contrôle plus marqué qu'auparavant.

Cette réforme irait dans le sens souhaité par Louise Harel qui veut que Montréal s'inspire de Toronto, où les commissions jouent un rôle majeur dans l'attribution des contrats. Elle s'intégrerait dans une refonte des relations entre l'administratif et le politique, refonte que le prochain directeur général de la Ville verra à mettre en oeuvre.

Comité exécutif

La composition du comité exécutif de la Ville sera annoncée au début de la semaine. Lors d'un entretien téléphonique avec le maire Gérald Tremblay, Louise Harel a abordé, hier, la question d'un comité exécutif pluriel, composé d'élus de l'opposition. M. Tremblay lui a dit que ce n'était «pas exclu», mais il veut pouvoir choisir qui sera invité à y participer, ce qui ne fait pas l'affaire de Mme Harel, selon nos sources.

Par conséquent, le maire hésite. Des élus de son parti ne veulent pas de cette ouverture qui changerait totalement la philosophie de ce «Conseil des ministres» municipal qui se réunit la plupart du temps à huis clos.

Le commentateur politique Jean Lapierre a affirmé, hier matin sur les ondes du 98,5 FM, que le maire de Saint-Léonard, Michel Bissonnet, serait choisi pour présider le comité exécutif. La Presse a évoqué cette possibilité avec des élus, hier, y compris du parti du maire. Ils estiment que ce choix serait incompatible avec la volonté du maire de se démarquer des aléas de son mandat précédent.

Michel Bissonnet occuperait en effet la même fonction que l'ex-maire de Saint-Léonard, Frank Zampino. Or, M. Bissonnet est plus que l'ami de Frank Zampino. C'est lui qui, en 1986, l'a incité puis convaincu de se lancer en politique, lors d'un repas chez le père de Frank Zampino. D'ailleurs, M. Zampino était présent au local électoral de Michel Bissonnet, le soir du 1er novembre, date des élections, a constaté Mathieu Boulay, journaliste du Progrès Saint-Léonard.

Selon nos informations, le maire Tremblay aurait plutôt l'intention de confier à Michel Bissonnet le perchoir du conseil municipal, afin de présider sereinement les débats, une tâche qu'il connaît bien puisqu'elle a été la sienne à l'Assemblée nationale. Ce choix ferait l'unanimité des trois partis de la Ville. M. Bissonnet n'a pas rappelé La Presse, hier.

Parmi les élus d'Union Montréal qui pourraient jouer un rôle au comité exécutif ou dans les autres instances, comme au conseil d'agglomération ou à la Société de transport de Montréal, on trouve notamment le maire de Lachine, Claude Dauphin, celui de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Michael Applebaum, celui de Saint-Laurent, Alan DeSousa, celui de Verdun, Claude Trudel, celui de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Joe Magri, et le conseiller de Peter-McGill, Sammy Forcillo. La présence féminine pourrait notamment être assurée par les conseillères Mary Deros et Helen Fotopulos, la mairesse d'Outremont, Marie Cinq-Mars, et celle de LaSalle, Manon Barbe.

Parmi les nouveaux visages, on évoque Jocelyne Ann Campbell, conseillère du district de Saint-Sulpice, experte dans le domaine de l'habitation. Le conseiller d'origine haïtienne Frantz Benjamin pourrait aussi se voir confier des responsabilités, tout comme celui de Sault-Saint-Louis, Richard Deschamps. Le maire de Montréal-Nord, Gilles Deguire, pourrait hériter de la Sécurité publique ou de l'Environnement, à cause de ses liens dans le passé avec la ministre Line Beauchamp.

Enfin, le maire pourrait être tenté de réserver les deux places du nouveau conseil d'arrondissement de Ville-Marie, dont il assurera la présidence, à deux élus du comité exécutif responsables de dossiers concernant directement le centre-ville, comme l'urbanisme, le développement économique ou le patrimoine.