Dans une première biographie complète sur Jean Drapeau, le communicateur Benoit Gignac décortique la façon de faire de celui qui fut maire de Montréal pendant près de 30 ans lorsqu'il s'agissait de développer  un projet.

«Je voulais démontrer comment il s'y prenait pour faire tant de réalisations. Ce sont des aspects originaux qui n'avaient jamais été abordés jusqu'ici», affirme l'auteur du livre «Le Maire qui rêvait sa ville». Après avoir parlé en long et en large du parcours du jeune Drapeau, l'auteur raconte dans son ouvrage comment «M. le maire» a travaillé pour réaliser notamment le métro de Montréal, qui a ouvert ses portes en 1966.

Très tôt, on remarquera que Jean Drapeau parvenait à s'arroger certains droits pour parvenir à ses fins.

«M. Drapeau avait réussi à obtenir de Québec le droit pour sa ville d'emprunter sur les marchés étrangers et de passer le métro dans les municipalités voisines, souligne M. Gignac. Il était excellent en relations publiques, comme plaideur et comme vendeur, et il allait chercher des pouvoirs pour obtenir la maîtrise d'oeuvre des projets. Il y a des leçons à tirer de ça.

«Aujourd'hui, on remarque que les projets majeurs comme le Centre hospitalier de l'Université de Montréal ou le réaménagement de l'échangeur Turcot sont menés par Québec», ajoute l'auteur.

Dans le livre publié aux Editions La Presse, Benoit Gignac s'intéresse aussi à deux projets majeurs ayant marqué les années Drapeau: l'exposition universelle de 1967 et les Jeux olympiques de 1976 qui ont été très lourds à porter sur le plan financier.

Les Québécois ont beaucoup retenu la question du déficit olympique, mais l'on parle beaucoup moins de celui d'Expo 67.

«Le déficit de l'Expo a été plus important en pourcentage que les Olympiques. Expo 67 a été certes un succès, on prévoyait un déboursé de  25 millions $, mais ç'a coûté 450 millions $», précise M. Gignac.

Benoit Gignac soulève aussi un autre point dont on a peu parlé, soit que le maire Drapeau avait connu ses plus belles périodes alors qu'il avait un président d'exécutif «fort».

On se souvient du travail fait par l'administrateur Lucien Saulnier dans les années 1960. C'est d'ailleurs ce dernier qui avait poussé le plus pour voir le projet de métro se concrétiser.

«Saulnier a finalement quitté car il était épuisé de Jean Drapeau, soutient M. Gignac. Gérard Niding était moins fort et M. Drapeau a alors eu des difficultés, dans les années 1970.»

En bout de piste, l'auteur, qui a déjà servi comme attaché de presse de l'ex-maire Jean Doré, notera quelques points positifs sur cet homme politique décédé il y a dix ans.

«Jean Drapeau, à la tête de la ville, était en osmose avec sa population pendant plus de 20 ans. Le personnage, l'homme politique est plus impressionnant que ses réalisations. Il était en amour avec sa ville et les gens l'aimaient bien, surtout avant les Olympiques.

«On a vu l'affection que lui portait le peuple quand il est mort. On aurait pu le comparer à Maurice Richard, il avait la capacité de rallier sa population».

Des gens ayant travaillé de près avec le maire Drapeau ont accepté de répondre aux questions de Gignac pour les besoins de son livre, mais les membres de la famille ont rejeté toutes ses demandes d'entrevues.