Le maire Gérald Tremblay a fait parvenir une mise en demeure hier soir au président du syndicat des cols bleus, Michel Parent. Il reproche au chef syndical d'avoir tenu des propos diffamatoires en le comparant aux ex-conseillers financiers Earl Jones et Vincent Lacroix lors du débrayage des cols bleus mercredi.

Selon la mise en demeure, obtenue par La Presse, Michel Parent aurait déclaré le 8 octobre «que le maire est à l'image de ce que Vincent Lacroix ou Earl Jones sont pour le secteur financier.»

Selon ce que rapporte le document juridique, il aurait également affirmé que «comme premier magistrat de la Ville, [Gérald Tremblay] est responsable de la pénalité de 75 millions, qui va devoir être versée à la compagnie qui a eu le contrat sur les compteurs d'eau. Pour moi, quelqu'un qui est capable de flauber 75 millions qui ne sont pas à lui, ça se compare à ces gens-là.»

«C'est une question de principe. Le maire Tremblay n'a pas apprécié», a expliqué le directeur des communications du parti du maire Tremblay, Union Montréal, Daniel Bussières. «Dans des cas de propos diffamatoires, la seule voie possible est de demander à M. Parent de se rétracter publiquement.»

Demande d'avis au DGE: «démagogique» selon Harel

Union Montréal a entrepris un autre recours contre les cols bleus hier.

La formation politique a demandé un avis au Directeur général des élections (DGE) car elle juge que des tracs distribués par les cols bleus à des citoyens appuient «implicitement» son adversaire, Vision Montréal.

Cette démarche a été vertement critiquée par la chef de Vision Montréal, Louise Harel.

Un courriel récemment envoyé par l'équipe du maire à tous les directeurs de campagnes et candidats (que La Presse a également obtenu) explique que le contenu d'un dépliant distribué récemment par les cols bleus à des citoyens «ressemble étrangement» au programme de Vision Montréal.

«Notre parti, Union Montréal, a demandé un avis au bureau du DGE à ce sujet», peut-on lire dans le message.

«Nous jugeons que sa publication constitue un bien utilisé pendant la période électorale pour favoriser directement ou indirectement l'élection des candidats du parti Vision Montréal, ce qui est contraire à l'article 451 de la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, L.R.Q. chap. E-2.2. En d'autres mots, nous estimons que ce document vient implicitement en appui à Vision Montréal et puisqu'il a été distribué en période électorale, selon nous, il doit être considéré comme une dépense électorale imputable au parti Vision Montréal.»

«C'est totalement démagogique de la part de Gérald Tremblay... Il veut faire campagne sur le dos des cols bleus», a rétorqué ce matin, Louise Harel, lors d'un entretien téléphonique.

«Je pense que M. Tremblay va devoir faire de même avec le rapport du vérificateur général sur les compteurs d'eau. Car ce qui est dit dans le dépliant des cols bleus est à peu près l'équivalent de ce qui est dans le rapport.»

Selon ses dires, elle n'a pas récemment discuté avec Michel Parent. De plus, elle a refusé d'indiquer les mesures concrètes qu'elle adopterait une fois élue pour dénouer le conflit de travail entre la Ville et ses employés.

Rappelons que les cols bleus de Montréal sont sans contrat de travail depuis plus de deux ans. Les négociations se poursuivent, mais à pas de tortue.

«Je maintiens et je le répète: je ne vais pas céder, mais je vais respecter les employés de la Ville», a-t-elle affirmé.

Elle a ajouté que les cols bleus «avaient du rattrapage à faire dans l'opinion des gens». La chef n'a pas voulu commenter la mise en demeure envoyé au président du syndicat des cols bleus.

Michel Parent n'a pas retourné nos nombreux appels hier soir et aujourd'hui.