Longues files d'attente, délais et pertes de patience. Les temps sont durs pour les employés et les usagers des Centres locaux d'emploi de Montréal (CLE).

Le personnel est débordé, alors que les personnes à la recherche d'un gagne-pain - plus nombreuses à cause de la crise économique - attendent plus longtemps qu'à l'habitude. «Depuis juillet, c'est épouvantable, a confié à La Presse une employée d'un CLE de Montréal. Je n'avais jamais vu des gens faire la file comme ça.»

 

Certains matins, avant l'ouverture des portes, la file d'attente devant la porte du CLE de Saint-Michel, au deuxième étage, s'étire jusqu'à l'extérieur de l'édifice. «La première fois que j'y suis allée, on m'avait dit d'arriver tôt le matin à 7h30, une heure avant l'ouverture, raconte Lucille*, une femme de 56 ans sans emploi. C'est de bonne heure, mais on veut tous avoir un job!»

Lors de sa première visite au CLE, Lucille a pris un numéro pour rencontrer un préposé au comptoir, qui lui a fait remplir une fiche. Ensuite, il lui a proposé un autre rendez-vous quelques jours plus tard avec un agent. En tout et pour tout, cette première visite a pris trois heures.

«Habituellement, la personne arrive au CLE et elle peut voir un agent le jour même», souligne Louise, employée d'un CLE de Montréal qui préfère taire son vrai nom.

Dans le cas de Lucille, la deuxième visite était fixée 10 jours plus tard. Et à ce moment, on lui a dit de se présenter une semaine plus tard au Centre de recherche de l'emploi de l'est pour une formation. «J'ai 56 ans et j'ai de la difficulté à me trouver un emploi dans la restauration», explique Lucille.

Quant à Denise, elle doit se rendre toutes les deux semaines au CLE de Saint-Michel. «Je travaille, mais il faut que j'aille montrer mon talon de paie. C'est un suivi», précise la mère de deux enfants.

«C'est toujours plein, dit la femme de 49 ans. Parfois il y a des gens qui perdent patience parce que des personnes dépassent ceux qui ont des numéros.»

Selon Louise, qui travaille dans un CLE depuis leur création, en 1998, c'est du jamais vu. «Tout l'été, on a été débordés de façon incroyable. C'est difficile, car les gens qui viennent ne sont pas vus systématiquement. Ils sont obligés d'attendre. On a de la difficulté à rappeler les gens dans la même journée.»

«Les gens ont besoin de plus d'aide que ce qu'on peut leur donner, poursuit-elle. Les gens qui viennent nous voir sont en panique. Les chômeurs arrivent au tout début de leurs prestations, car ils ont peur de ne rien se trouver après à cause de la récession.»

À Montréal, on compte environ 25 centres locaux d'emploi. Les centres de Saint-Michel et d'Hochelaga-Maisonneuve ne sont pas les seuls à être débordés. «On constate depuis quelques mois une affluence dans les CLE de Montréal, explique le porte-parole d'Emploi-Québec, Claude Morin. On comprend que c'est à cause du ralentissement économique.»

* Les noms des chômeurs interrogés sont fictifs.