Approuvé la semaine dernière par le Comité exécutif de la Ville de Montréal, le projet du Quadrilatère Saint-Laurent continue de susciter la grogne. Dans un communiqué commun envoyé aux médias, les organismes Héritage Montréal et Culture Montréal, le Club Soda, le Monument-National et la fondatrice du Centre canadien d'architecture, Phyllis Lambert, mettent en cause «l'empressement avec lequel le comité exécutif a donné son aval» à un projet qui, selon le rapport même de l'Office de consultation publique (OCPM) rendu public en août, n'en était qu'au «stade du concept et l'expression de ses composantes».

«Ce projet n'est pas prêt. Il doit évoluer encore pour être bon. On a l'impression que la Ville a accordé le privilège de construire à la Société de développement Angus (SDA) sans se préoccuper des détails. Pourtant, tout le monde sait que le diable est dans les détails !» souligne Dinu Bumbaru, porte-parole d'Héritage Montréal. Il se demande si la Ville a négocié ce contrat «pour le bien public ou par sympathie pour le promoteur Christian Yaccarini».

Selon Simon Brault, président de Culture Montréal, le comité exécutif ne donne ni plus ni moins que «carte blanche» à la SDA, sans que celle-ci ait apporté de modifications majeures au projet, pourtant décrié depuis son dévoilement. «Nous avons fait plein de suggestions pour l'améliorer. Nous n'avons toujours pas vu de nouveau plan proposé par le promoteur. Il y a quelque chose dans tout ce processus qui n'est pas transparent et qui envoie un très mauvais signe sur l'avenir des consultations publiques à Montréal», observe Simon Brault.

Du côté du promoteur, on assure, au contraire, avoir modifié les plans à la suite du rapport de l'OCPM. «Les gens qui ont envoyé le communiqué n'ont pas pris la peine de regarder le nouveau projet, se défend Christian Yaccarini. Ce projet est tout à fait mûr. Il a passé à travers toutes les instances, y compris la Commission des biens culturels, qui a émis un avis favorable. Il est faux de dire que tout est allé trop vite.»

Parmi les changements apportés, M. Yaccarini mentionne un «meilleur arrimage» avec son voisin le Monument-National et la conservation des façades déjà existantes pendant les travaux. Il assure que la superficie des commerces actuels sera respectée. «Pour nous, ce sont des modifications à plusieurs millions de dollars», assure M. Yaccarini.

Ce qui ne change pas, c'est la hauteur du bâtiment (48 m) qui sera construit à l'angle de la rue Sainte-Catherine et du boulevard Saint-Laurent, ni la date butoir du projet. L'édifice, que certains ont décrit comme une «boîte à chaussures», doit toujours être terminé en 2012 afin d'accueillir les nouveaux bureaux d'Hydro-Québec.

En principe, seul le ministère de la Culture peut encore freiner le projet - qui devait être avalisé hier soir par le conseil municipal. Le Quadrilatère se trouverait en effet dans l'aire de protection du Monument-National, qui relève du gouvernement provincial.