Les négociations pour le remplacement des voitures du métro de Montréal «sont entrées dans la dernière ligne droite», et devraient aboutir sous peu par la signature d'un contrat d'une «envergure exceptionnelle» pour la construction et la livraison d'au moins 765 voitures.

En entrevue à La Presse, hier, la ministre des Transports du Québec, Julie Boulet, a déclaré que la commande ferme des nouvelles voitures du métro fournira du travail à l'usine d'assemblage de Bombardier, à La Pocatière, «durant 10 à 12 ans. Jusqu'en 2021, à peu près».

 

Ces négociations, auxquelles participe aussi l'ex-premier ministre Lucien Bouchard, en tant que mandataire de Québec, portent sur une commande ferme de 765 nouvelles voitures de métro, au lieu des 340 qui étaient prévues à l'origine par la STM. Le contrat couvre ainsi le remplacement graduel des deux parcs de voitures, MR-63 et MR-73, actuellement en service dans le métro de Montréal.

Selon les sources de La Presse, le contrat avec le consortium Bombardier-Alstom devra aussi prévoir des options pour une trentaine de rames de plus - soit 270 voitures - afin de répondre aux besoins additionnels en matériel roulant, en cas de prolongement du réseau du métro.

Mercredi, le premier ministre du Québec, Jean Charest, a annoncé la création d'un bureau de projet, doté d'un budget de 12 millions, pour étudier la faisabilité, la justification et les coûts de trois projets de prolongement du métro à Montréal, à Longueuil et à Laval.

Le réseau actuel du métro, y compris le prolongement à Laval, fait environ 65 km de long. Les trois projets de prolongement actuellement à l'étude totalisent environ 20 km. S'ils devaient tous voir le jour, tel que le réclament les trois villes, le matériel roulant du métro devrait parcourir jusqu'à 30% plus de kilométrage qu'actuellement pour desservir l'ensemble du réseau.

Afin de ne pas user prématurément les nouvelles voitures et de satisfaire aux besoins d'entretien régulier, la mise en service des trois nouveaux tronçons, projetée d'ici 10 ans, nécessiterait l'ajout d'environ 10 rames sur chacun de ces tronçons. Dans le métro de Montréal, chaque rame est formée de neuf voitures.

Ces options - si elles devaient être exercées par la STM - pourraient ainsi faire passer la commande totale à plus de 1000 voitures, pour un investissement de plus de 4 milliards.

Surprise par les questions de La Presse à ce sujet, la ministre a reconnu que les options «font partie des discussions. Mais la commande ferme, c'est 765 voitures».

La ministre a toutefois refusé de discuter des coûts du contrat. «Ça, on va l'annoncer plus tard. Mais 4 milliards? Non. Ça va être moins que ça», a-t-elle déclaré, sans préciser si elle incluait, ou non, les voitures optionnelles.

»Un point à régler»

Il y a déjà près d'un an que la STM est en discussion avec Bombardier et Alstom. Les négociations portaient d'abord sur le remplacement des 340 voitures MR-63 actuelles, qui datent de 1966, et qui sont toujours en service sur les lignes 1 et 4 du métro.

Après plusieurs mois de pourparlers, les négociations ont achoppé sur le prix. La STM était prête à payer 3,5 millions par voiture, pour un total d'environ 1,2 milliard. Le consortium réclamait 5,3 millions par voiture, une différence de 50%. Au printemps, la STM a même envisagé publiquement de lancer un appel d'offres international, faute de pouvoir s'entendre avec Bombardier et Alstom.

«Ça paraît long, a reconnu la ministre, hier. Mais il faut bien comprendre qu'il s'agit là d'un contrat d'une très grande envergure. On n'a pas beaucoup de comparatifs dans le monde. Quand on regarde les commandes passées au cours des dernières années pour d'autres métros construits dans des grandes villes, ça dépasse rarement les 400 unités.»

«Mais on approche, assure Mme Boulet. On a réglé beaucoup de choses depuis quatre ou cinq mois. M. Bouchard a fait un travail exceptionnel, de même que la STM et le MTQ. Mais il reste un point important à régler, et j'espère qu'on pourra procéder à une annonce à très court terme.»

La ministre n'a pas précisé la nature du point en question.

«On souhaite que ça soit fait au Québec, a-t-elle conclu. Pour nous, c'est important. Ce sont des emplois et des retombées considérables, dans le Bas-Saint-Laurent, bien sûr, mais aussi partout ailleurs. Et je pense qu'on va avoir quelque chose de très, très bien.»