La fraude à la Division du service informatique (DSI) de la Ville de Montréal, qui a mené au congédiement des cadres Gilles Parent et Joseph Hélal, atteint maintenant 10 millions, a appris La Presse. La Ville a de plus congédié un troisième fonctionnaire relativement à cette affaire.

Une enquête interne avait été déclenchée l'an dernier après que des irrégularités eurent été observées au service de la facturation de la DSI. Des firmes informatiques québécoises avaient obtenu des avantages financiers qu'elles doivent maintenant rembourser à la Ville via des retenues sur des paiements. La Sûreté du Québec enquête dans ce dossier depuis juillet 2008. Aucune accusation n'a encore été portée.

Le chef de division de la DSI, Gilles Parent, qui approuvait l'octroi des contrats, a été congédié après 25 années de service le 10 septembre 2008. Puis, au début de cette année, son supérieur, le directeur adjoint Joseph Hélal, était également congédié.

Enquête interne

En entrevue avec La Presse, le directeur général de la Ville, Claude Léger, explique que l'enquête interne se poursuit et que la fraude atteint maintenant 10 millions. «On a toujours parlé d'une somme entre huit et dix millions, dit-il. C'est maintenant de l'ordre de 10 millions. On devait regarder des milliers de pages de documents. On est aussi rendu à trois congédiements. Un congédiement pour l'instigateur présumé et deux autres congédiements pour des défauts de gestion. Sans dire que ces deux derniers étaient complices, il s'agissait de fautes graves dans leur gestion.»

M. Léger ajoute que la troisième personne congédiée n'est pas le directeur Daniel Malo, qui a pris sa retraite. «Je tiens à faire cette précision car j'ai vu dans un article que M. Malo avait été associé comme étant une des personnes congédiées alors que ce n'est pas le cas. Il a pris sa retraite. C'est un homme honnête.»

«Regrettable»

«Cette histoire est absolument regrettable et ne devrait jamais se produire, ajoute M. Léger. Mais le fait qu'on ait réussi à avoir une information privilégiée et qu'on soit allés trouver la Sûreté du Québec tout de suite alors que personne n'était au courant dans le public nous a beaucoup aidés. Ainsi, pendant trois ou quatre mois, on a été capables d'enquêter. On a pris les gens la main dans le sac et ça nous a permis de faire des retenues sur les paiements faits aux fournisseurs. On a, du coup, sécurisé à peu près la totalité de l'argent en minimisant considérablement nos pertes.»

M. Léger dit que cette fraude a entraîné une sérieuse révision des procédures. Pierre Winner, nommé directeur général par intérim d'Outremont à la suite de la démission du maire Stéphane Harbour, en 2007, avait été chargé du dossier.

«Parmi les lacunes constatées au niveau de la gestion au sein de la DSI, il y avait la séparation des tâches, le contrôle, le fait qu'il n'y avait pas suffisamment de personnes au contrôle interne, dit M. Léger. Il est nécessaire qu'il y ait plusieurs intervenants dont l'approbation ou la décision est nécessaire avant d'aller de l'avant. On a constaté qu'il y avait trop de pouvoirs concentrés dans les mains de M. Parent.»