Gérald Tremblay estime qu'il n'a pas à être attaqué en matière d'éthique, mais ses adversaires n'entendent pas lâcher le morceau. Pendant que le maire a clamé son intégrité pour clore le congrès de son parti, hier, sa principale rivale lançait sa campagne en brandissant un balai - pour encourager ses partisans à «nettoyer» l'administration municipale.

Dans un discours prononcé au collège de Maisonneuve en clôture du congrès d'Union Montréal, le maire a assuré à ses militants que les scandales révélés à la Ville au cours des derniers mois sont inacceptables à ses yeux. Mais il martèle que son administration n'a pas à porter le chapeau.

 

«Je n'accepte pas qu'il y ait des irrégularités à la Ville de Montréal parce que je décide qu'on va avoir une administration transparente, a scandé M. Tremblay. Alors je ne veux plus qu'on m'attaque sur ce sujet-là.»

Le maire a dépoussiéré une vieille anecdote pour appuyer son propos, rappelant qu'en 2003, il était sorti de sa limousine pour porter secours à un jeune homme qui se faisait attaquer. Pour lui, c'est la preuve que ses adversaires sont bien mal venus de le critiquer en matière d'éthique et d'intégrité.

Gérald Tremblay estime que l'avenir de Montréal - et non l'éthique - sera le principal enjeu de la campagne qui débute le 18 septembre. Et à cet égard, il a traité sa rivale de «girouette» pour avoir réalisé les fusions à titre de ministre, pour ensuite se porter à la défense de la mairie de l'arrondissement de Ville-Marie.

«La dernière chose qu'on doit faire, c'est une campagne électorale basée sur le passé, a affirmé Gérald Tremblay. On veut une campagne sur l'avenir.» Mais ses opposants dans la course n'entendent pas en rester là. En lançant officiellement sa campagne au parc Jarry, Louise Harel a clairement fait savoir que l'éthique serait l'enjeu principal au cours des prochaines semaines. Elle a d'ailleurs brandi un balai, affirmant qu'il était temps de «faire le ménage» à l'hôtel de ville.

«Ce n'est pas Gérald Tremblay qui va décider ce sur quoi les Montréalais vont voter, a-t-elle affirmé. Les Montréalais n'en peuvent plus des enquêtes policières, des contrats gonflés, des soumissions qui semblent arrangées, et surtout des structures superposées où l'on ne sait plus qui prend les décisions.»

Même son de cloche chez Richard Bergeron. Le chef de Projet Montréal souligne que c'est lui, et non le maire, qui a porté plainte à la Sûreté du Québec après que des vérifications eurent révélé des irrégularités dans l'attribution du contrat des compteurs d'eau.

«Je vais le répéter chaque jour de la campagne: l'état de corruption à la Ville de Montréal est le plus élevé, probablement, depuis que Jean Drapeau est venu faire le ménage dans les années 50», a-t-il affirmé.

Sous l'administration Tremblay, la Ville de Montréal a fait l'objet de sept enquêtes de la Sûreté du Québec. Le directeur général de la Ville, Claude Léger, a révélé samedi que 15 enquêtes internes ont mené à des congédiements depuis trois ans.

La semaine dernière, La Presse et Radio-Canada ont révélé que le maire a déclenché une enquête sur le directeur de la Réalisation des travaux de la Ville, Robert Marcil, qui a depuis démissionné. Il a fait un voyage en Italie avec un homme d'affaires du secteur de la construction.

Le maire Tremblay a rappelé hier que les employés municipaux sont soumis à des normes strictes en matière d'éthique, et que son administration maintient une politique de tolérance zéro à l'égard de la corruption. Quant aux élus, a-t-il fait valoir, ils seront bientôt soumis à un code d'éthique présenté il y a une semaine par son administration, un projet critiqué par l'opposition car il ne prévoit pas la création d'un poste de commissaire à l'éthique.