Deux ans jour pour jour après que l'affaissement d'une dalle de béton sous le boulevard De Maisonneuve eut provoqué la fermeture de sept rues du centre-ville, le quart seulement des structures souterraines ont été inspectées conformément aux directives de l'administration Tremblay, a appris La Presse.

Le 24 août 2007, l'apparition de deux fissures dans un tunnel sous le boulevard De Maisonneuve avait forcé les autorités à fermer sept rues, à évacuer des commerces et à suspendre le service de métro sur la ligne verte. Dans la foulée de ce branle-bas, le maire Gérald Tremblay avait ordonné une inspection en règle des structures souterraines de la métropole.

«Afin de nous assurer qu'une telle situation ne se reproduise pas, j'ai demandé qu'un processus de vérification diligente sois mis en place et qu'on nous fasse rapport dans les plus brefs délais», avait-il alors déclaré.

Dans les jours suivants, la Ville avait écrit aux propriétaires de 63 structures souterraines pour qu'ils produisent un rapport d'ingénieur certifiant que leur bâtiment était sûr. Deux ans plus tard, à peine 16 ont répondu à la demande des autorités.

Le responsable du dossier ne s'en cache pas, il est frustré par la lenteur de l'opération.

«Je me serais attendu à ce qu'il y ait une réaction beaucoup plus rapide de la part des propriétaires», convient Gilles Robillard, directeur général associé pour les infrastructures.

Des 63 structures qu'elles avaient ciblées à l'origine, les autorités ont renoncé à en inspecter 18, jugées secondaires. Il s'agit pour la plupart de passages pour conduites électriques, de coffres-forts, de rangements, bref, de tunnels qui sont peu ou pas fréquentés.

M. Robillard a obtenu la confirmation que des tunnels qui sont parmi les plus passants sont sûrs. Il a notamment reçu des rapports satisfaisants des Promenades de la Cathédrale, de l'UQAM, du Complexe Desjardins et de la galerie souterraine qui longe la rue Sainte-Catherine.

«Les propriétaires des structures majeures dans lesquelles il y a beaucoup de circulation m'ont tous confirmé qu'il n'y a pas de problème», assure M. Robillard.

Reste que les propriétaires d'une trentaine de bâtiments sont restés sourds aux demandes de la Ville. Des employés municipaux, en collaboration avec la Régie du bâtiment, ont mené des inspections visuelles, mais Gilles Robillard concède qu'elles n'ont pas donné de résultats probants.

La lenteur des travaux est «inquiétante», selon le chef de l'opposition, Benoit Labonté, qui estime que l'administration Tremblay s'est traîné les pieds dans ce dossier. La Ville doit en faire davantage pour forcer les propriétaires récalcitrants à inspecter leurs bâtiments, dit-il, par exemple en leur envoyant des mises en demeure.

«Il y a 750 000 personnes qui passent par le Montréal souterrain chaque jour. Et là, pour 75% des structures, on n'a aucune espèce d'idée de leur état et il n'y a pas de suivi qui a été fait par le maire de Montréal», a-t-il dénoncé.