Les requêtes judiciaires de victimes d'inondations se multiplient contre la Ville de Montréal, accusée de mal gérer son réseau d'égouts. Hier, c'était au tour de citoyens de Rosemont, dont les sous-sols ont été inondés les 11 et 26 juillet. Ils demandent au tribunal la permission d'exercer un recours collectif contre la Ville.

Des pluies importantes ont inondé des autoroutes, des résidences et des commerces de Montréal en juin et en juillet 2005, en août 2008 et deux fois cet été. Chaque fois, les responsables de l'administration municipale parlent de phénomènes climatiques exceptionnels et imprévisibles. «Je ne contrôle pas le paradis», a déclaré Sammy Forcillo, responsable des infrastructures au comité exécutif, le 27 juillet dernier.

 

L'évocation de Dieu ou d'une quelconque force suprême indifférente au sort des Montréalais n'a pas convaincu Eugène Robitaille, propriétaire d'un immeuble rue Bélanger, dans le quartier Rosemont. En 2005, le ciel était tombé dans son sous-sol, comme dans bien d'autres, et y avait fait de terribles dégâts. La Ville n'a rien fait, affirme son avocat dans la demande de recours collectif. Résultat: les égouts ont de nouveau débordé dans son immeuble deux fois cet été.

«En dépit de l'évidence des problèmes dès 2005, l'intimée (la Ville) a négligé de prendre les mesures correctrices nécessaires pour assurer l'évacuation des eaux et pour améliorer son réseau d'égouts», écrit Me Jean-Pierre Fafard au nom de M. Robitaille et du Comité des citoyens inondés de Rosemont.

Les dédommagements réclamés pourraient être remis à un millier de locataires, à une centaine de commerçants et à environ 450 propriétaires. La requête s'ajoute à d'autres déposées cette année. Selon Le Journal de l'assurance, une vingtaine de compagnies d'assurances ont intenté des poursuites contre la Ville de Montréal afin de se faire rembourser près de 20 millions de dollars versés en indemnités à leurs assurés, à la suite de refoulements d'égouts survenus en août 2008 à Saint-Léonard et à Anjou.

La même publication affirme qu'un cabinet d'avocats a intenté en Cour supérieure un recours collectif de 50 millions en février dernier, pour une cause semblable. Des citoyens réclament aussi d'importants dédommagements à la suite de refoulements d'égouts près de l'échangeur L'Acadie et de l'autoroute Métropolitaine, en 2005.

La Ville ne commente pas la requête déposée hier par les citoyens de Rosemont, non plus qu'aucune autre procédure qui se trouve devant les tribunaux, a indiqué hier son porte-parole, Philippe Sabourin. Il a par contre rappelé que des travaux sont en cours pour améliorer le réseau d'égout.

À titre d'exemple, la Ville est en train d'achever un ouvrage de régulation pour limiter l'apport d'eau dans le collecteur Meilleur-Atlantique, qui déborde dans l'échangeur L'Acadie lors de fortes pluies. Mais, dans des documents internes, des experts affirment que le collecteur est simplement trop petit. La Ville hésite à le remplacer par un collecteur plus grand, ce qui serait très coûteux.