L'arrivée de l'ex-juge John Gomery à Projet Montréal, le parti de Richard Bergeron, enchante la chef de Vision Montréal, Louise Harel, contrarie le maire Gérald Tremblay et ne surprend pas Louise O'Sullivan, aussi candidate à la mairie.

Si Richard Bergeron voulait marquer les esprits en ralliant l'ex-juge à son parti, il semble avoir réussi. Hier, tous les médias n'en avaient que pour l'ex-juge Gomery, célèbre pour sa présidence en 2004 de la commission d'enquête sur le scandale des commandites. Sur toutes les chaînes, M. Gomery a dit qu'il s'engageait dans le but d'assainir les moeurs politiques en ce qui a trait au financement des partis. Il estime que «l'intégrité est en danger» à Montréal avec l'administration actuelle.M. Gomery souhaite que de nouvelles règles soient définies pour éviter que les partis et les élus ne soient redevables à de riches individus ou des entreprises qui, indirectement, les financent. Sur ce point, Gérald Tremblay a dit qu'il observe les règles en vigueur au Québec. «Notre formation politique a toujours respecté les dispositions de la loi, a-t-il dit. Le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) a eu l'occasion, chaque année, de vérifier nos états financiers. S'il y a des argumentations pour changer ces dispositions, elles doivent être faites à Québec.»

La Presse a demandé à M. Tremblay s'il serait d'accord pour que son parti plafonne ses revenus et ses dépenses électorales à 500 000$, comme le propose le parti de Richard Bergeron.

«Je pense que ce n'est pas plafonner ou pas n'est pas la bonne question, a-t-il répondu. La question fondamentale, c'est: est-ce que les formations politiques respectent les dispositions de la loi? Nous l'avons toujours fait.»

Le maire Tremblay est en faveur de dons remis anonymement, comme la loi le permet dans une proportion de 20% du financement total. MM. Gomery et Bergeron s'opposentà cette pratique.

De son côté, Louise Harel se «réjouit de l'engagement» de l'ex-juge Gomery en politique municipale. Elle est également contente de constater que M. Bergeron s'est inspiré de ses idées pour bâtir sa politique de financement électoral. Elle estime aussi, comme M. Gomery, que les dons anonymes doivent disparaître.

Après le juriste Julius Grey, qui s'est joint à Vision Montréal, John Gomery est la deuxième personnalité marquante de la communauté anglophone montréalaise à tourner le dos au parti du maire Tremblay... et au parti de Louise O'Sullivan. Cette dernière rappelle qu'elle ne se «considère pas comme anglophone». L'arrivée de M. Gomery à Projet Montréal ne la surprend pas. «Il y a des francophones souverainistes dans mon parti, dit-elle. Si la fille de M. Gomery était membre de notre parti, il serait venu avec nous.»