Des citoyens de la Rive-Sud sont excédés par le bruit en provenance du parc Jean-Drapeau et de ses nombreux spectacles de musique. Martin Lafond coordonne le mouvement de protestation à Saint-Lambert. «J'habite rue Merton depuis 2007 et les spectacles du parc Jean-Drapeau, toutes les fins de semaine, entre sept et neuf heures de musique par jour, jusqu'à 23h, c'est insupportable. Depuis mai, c'est infernal. Et ça dure jusqu'en octobre.»

Selon Patrick Leclerc, du Regroupement québécois contre le bruit, «il y a un nombre d'événements trop important au parc Jean-Drapeau». «Il faudrait qu'il y ait une rotation des lieux», dit-il.

 

M. Lafond dit qu'en six mois, c'est 376 heures de bruit, l'équivalent de 250 spectacles de 1h30. «Notre sommeil est troublé, celui des enfants aussi. Impossible de profiter de nos congés en paix, de dormir la fenêtre ouverte, et même fermée!» écrit-il dans un tract distribué à Saint-Lambert.

Un site internet, silencestlambert.ca, a été créé. M. Lafond réclame moins de spectacles à Jean-Drapeau ou la création d'un «mur du son» aux frais de la Ville de Montréal. Mais les demandes d'aide qu'il a présentées aux administrations de Saint-Lambert et de Montréal n'ont rien donné. Du coup, il a déposé une plainte à l'ombudsman de Montréal, Me Johanne Savard, qui a demandé à la Société du parc Jean-Drapeau d'effectuer des tests de bruit. Certains ont eu lieu la fin de semaine dernière durant les spectacles d'Osheaga. D'autres auront lieu dans quelques jours.

Aller au Stade?

Une possibilité serait de déménager des spectacles hors de l'île. Le Stade olympique est évoqué. La Régie des installations olympiques est ouverte à accueillir les spectacles les plus bruyants. Mais c'est le choix des promoteurs, dit Sylvie Bastien, porte-parole de la RIO. Myriam Vallée, du Groupe Spectacles Gillett, qui organisait Osheaga, dit que ces spectacles s'adressent à une clientèle qui aime être à l'extérieur.

À la Société du parc Jean-Drapeau, le directeur général, Christian Ouellet, est conscient que le voisinage du parc «est exposé», mais le mandat de la société est d'animer ce parc et de générer des profits, dit-il. Il a une entente de cinq ans avec des promoteurs et compte bien l'honorer. «On essaie de bien diriger nos systèmes de son», dit-il. Mais il n'y a pas de limite de décibels dans le parc. «C'est l'ombudsman qui va nous dire si c'est acceptable ou pas, dit-il. Si la Ville de Montréal décide de modifier la programmation, on le fera, mais on n'en est pas là.»

«S'il y a une trop grande concentration au parc Jean-Drapeau, il faut regarder ça, dit le maire de Ville-Marie, Benoit Labonté. Les citoyens sont capables de vivre avec des événements ponctuels, mais si c'est récurrent au mépris des droits des citoyens, il faudrait réévaluer ça. S'il y a d'autres options, comme le Stade olympique, ça mérite d'être étudié.»

Le conseiller municipal Marcel Tremblay, responsable du parc Jean-Drapeau, n'a pas rappelé La Presse. Son porte-parole, Darren Becker, dit que «la Ville n'a pas l'intention de déménager les spectacles du parc».