Un nouveau parti est créé à Outremont par un groupe de citoyens, le Parti Outremont (PO), qui veut améliorer la vie démocratique dans l'arrondissement.

Quatre citoyens, Annie Chélin, Jean Girouard, Pierre Joncas et Pierre Lacerte, ont commencé à se réunir en octobre dernier pour réfléchir sur la situation politique dans Outremont et sur les scandales qui ont éclaboussé l'arrondissement depuis 2001. Ils ont finalement concocté un programme. Les signatures nécessaires seront envoyées cette semaine au Directeur général des élections du Québec. Ensuite, une assemblée constituante sera organisée.

«On a constaté un tel manque de transparence dans la gouvernance de l'arrondissement! dit Pierre Joncas. Quand on cherche à comprendre quelque chose, les réponses ne sont jamais claires. Pour le stationnement, il n'y a pas d'équité réglementaire. On ne fait rien pour la vitesse de la circulation dans les tronçons de rue où il y a des enfants. Sur les questions de la gare de triage ou du 1420, avenue du Mont-Royal, les réponses sont opaques. Tout cela m'a mobilisé.»

Annie Chélin évoque aussi le manque de transparence. Elle vient de recevoir une réponse négative de l'administration à une demande d'information. «Je voulais des détails sur la réclamation de Dessau de 2,8 millions pour le Centre intergénérationnel, dit-elle. Elle est gardée secrète, tout comme le rapport du contentieux. J'espère que la SQ va aller au fond des choses.»

Pas d'opposition

Dans Outremont, qui se présente sur son site internet comme «le quartier de l'élite», les conseillers de l'ex-maire Stéphane Harbour sont toujours en poste. La mairesse Marie Cinq-Mars règne sans opposition, accompagnée de quatre conseillers d'Union Montréal: Claude B. Piquette, Ana Nunes, Louis Moffatt et Marie Potvin, élue en 2007.

Depuis 2001, la seule opposition est celle de citoyens qui viennent interroger et critiquer sans relâche l'administration aux séances du conseil d'arrondissement. C'est cet exercice, parfois musclé, qui a mené à la démission de M. Harbour en 2007. À l'élection qui a suivi, Mme Cinq-Mars a été élue avec une majorité relative, les deux partis de l'opposition, Projet Montréal et Vision Montréal, s'étant neutralisés. Se dirige-t-on vers le même genre de situation avec la création du Parti Outremont?

«On ne peut écarter cette possibilité, mais je peux vous dire qu'il y a un grand mécontentement à Outremont, dit M. Joncas. Vision Montréal et Projet Montréal veulent tout centraliser rue Notre-Dame. On n'est pas défusionnistes mais, pour le peu de compétences qu'il nous reste, on ne veut pas que ce soit sacrifié pour des sociétés de génie ou des promoteurs immobiliers.»

Union Montréal est une grosse machine financière. Comment le Parti Outremont peut-il le menacer? «Il n'y a pas que l'argent qui compte, dit M. Lacerte. Il y a les convictions. On a réussi à faire bouger les choses depuis 2007. Et puis, avec tout ce qui se passe à Union Montréal, les enquêtes policières, etc.»

Le PO ne s'adresse pas qu'à l'élite. «Vous savez, à Outremont, il y a "Outremont ma chère", mais il y a aussi "Outremont cacher" et "Outremont pas cher"», dit M. Lacerte. «On part en dernier, ajoute M. Joncas, mais il y a la fable du lièvre et de la tortue...»

Marie Cinq-Mars a réagi à la création de ce parti: « En 18 mois, une gestion serrée a permis de fournir aux citoyens des services de proximité de première qualité: déneigement, embellissement saisonnier, activités culturelles et sportives. L'équipe au pouvoir à Outremont a entrepris plusieurs grands travaux de remise aux normes des infrastructures souvent centenaires. Je défends avec ardeur l'intégrité territoriale et juridictionnelle d'Outremont et contribue activement au bon fonctionnement de la structure montréalaise, résultat des fusions imposées par Mme Harel.»

Pour le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, la création du PO n'est pas une bonne nouvelle. «Le pire danger qui menace Montréal, c'est la création de ce genre de partis locaux, car cela contribue au démantèlement de Montréal», dit-il.