Les arrondissements de Montréal devront de nouveau se serrer la ceinture l'année prochaine. La ville centre gèlera les sommes qu'elle leur transfère en 2010, une décision qui fait rager certains maires.

Dans une note expédiée le 16 juin, que La Presse a obtenue, la direction générale de Montréal a avisé les hauts fonctionnaires des arrondissements qu'ils devront composer avec la même enveloppe budgétaire qui leur avait été attribuée en 2009. La raison: les finances sont plus serrées que prévu, conséquence de la crise économique mondiale.

Dans les faits, les arrondissements disposeront d'un peu plus d'argent, puisque les compressions annoncées en hiver par l'administration Tremblay les avaient forcés à couper leurs dépenses de 2%. Ils retrouveront donc l'enveloppe qu'ils devaient recevoir à l'origine, mais pas un sou de plus.

«Il va falloir qu'ils fassent des ajustements à l'intérieur de leur enveloppe budgétaire», concède le responsable des finances au comité exécutif, Sammy Forcillo.

La Ville constituera une réserve de 5 millions pour aider les arrondissements qui devront offrir plus de services s'il y a de nouvelles constructions sur leur territoire.

Mais ce n'est pas suffisant pour certains maires, qui comptaient sur une augmentation des transferts de la ville centre pour assainir leurs finances. Car pendant que les dotations restent inchangées, disent-ils, les dépenses continuent d'augmenter en raison de l'inflation et de la hausse des coûts de la main-d'oeuvre.

La décision forcera donc les arrondissements à faire de véritables «miracles» pour maintenir les services aux citoyens tels que la propreté et le déneigement, affirme la mairesse de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Lyn Thériault. Plusieurs avaient déjà le dos au mur en raison des colossales chutes de neige de 2008, qui les avaient forcés à puiser dans leurs réserves.

«On a un budget comme celui de l'an passé, mais le coût des services de proximité augmente, soupire-t-elle. Je ne suis pas surprise, mais je suis désolée.»

La mairesse voit difficilement comment elle pourra boucler son budget, elle qui a déjà raclé les fonds de tiroir pour payer à la fois les services de déneigement, la collecte des ordures, le tout avec les augmentations salariales de ses employés.

Même son de cloche du côté de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, où la mairesse Anie Samson dénonce l'inégalité des enveloppes distribuées aux différents arrondissements. Elle aurait souhaité que l'administration Tremblay vienne à la rescousse des arrondissements les moins nantis.

Six arrondissements, dont celui de Mme Samson, ont terminé l'année 2008 en déficit, tandis que d'autres affichent de plantureux surplus. «On se rend compte qu'il n'y a aucune volonté de rendre les arrondissements égaux», déplore la mairesse.

Mince consolation, certaines dépenses pourraient être moins élevées cette année, explique-t-on au Plateau-Mont-Royal. L'essence coûte moins cher que l'an passé, explique l'attaché politique de la mairesse Helen Fotopulos, Marc Snyder. Et des soumissions coûteront moins cher que prévu.

«Mais la situation demeure serrée», convient-il.

La décision de geler les transferts aux arrondissements survient alors que la crise économique mondiale pèse plus lourd que prévu sur les finances de Montréal. La Ville perd des millions à cause du ralentissement du marché immobilier, de la chute des taux d'intérêt, et de la baisse du nombre de contraventions.

Les compressions de 155 millions lancées en février dernier ne suffisent pas à éponger le manque à gagner. Si la tendance se maintient, la Ville terminera l'année 2009 avec un déficit de 50 millions. Elle a lancé des discussions avec Québec afin que le gouvernement élimine le «déficit structurel» de la Société de transport de Montréal, qu'elle estime à 40 millions.