La récession pèse plus lourd que prévu sur les finances de Montréal, a appris La Presse. Et les compressions entamées en février ne suffiront pas à compenser les pertes. Si bien que l'administration Tremblay compte maintenant sur l'aide de Québec pour équilibrer son budget.

Aux prises avec une impasse financière dans la foulée de la crise économique, les autorités avaient annoncé des coupes de 155 millions plus tôt cette année. Mais le manque à gagner est encore plus important, selon les dernières projections financières, présentées au comité exécutif la semaine dernière.

«Il y a une crise financière planétaire et Montréal ne peut pas s'y soustraire, convient Sammy Forcillo, responsable des finances au comité exécutif. On est comme les gouvernements du Québec, du Canada, l'ensemble des municipalités, des organisations publiques et des entreprises.»

Le ralentissement du marché immobilier privera la Ville de plusieurs millions en droits de mutation, communément appelés «taxes de bienvenue». À cela s'ajoute la chute des taux d'intérêt à des niveaux historiquement bas, qui nuit aux placements de la municipalité. La Ville a aussi dû utiliser le surplus de 23 millions accumulé en 2008 pour éponger le déficit de la Société de transport de Montréal (STM).

Mais surtout, c'est la diminution du nombre de contraventions distribuées depuis le début de l'année qui plombe les finances publiques. Au cours des derniers mois, les policiers ont réduit la cadence, possiblement en lien avec le renouvellement de leur convention collective, échue depuis 2006. La Fraternité des policiers de Montréal décourage ses membres de mener une grève du zèle, mais les conséquences financières sont douloureuses. Si la tendance se maintient, la Ville perdra 51 millions cette année.

Au total, le gouffre financier se chiffre à 176 millions.

Québec à l'aide

Le régime minceur adopté par la Ville et les arrondissements permettra de recueillir 125 millions pour éponger les pertes. M. Forcillo promet d'autres mesures pour contenir les dépenses. Mais pour l'heure, la Ville doit encore trouver plus de 50 millions pour équilibrer son budget. Et pour ce faire, elle compte sur l'aide de Québec.

Début mars, l'administration Tremblay avait rouvert un contentieux vieux de sept ans entre Québec et la métropole en imposant des compressions budgétaires de 40 millions à la Société de transport de Montréal (STM), pour le fonctionnement du métro et des services d'autobus.

Depuis le début de l'année, le maire et ses principaux lieutenants ont multiplié les rencontres avec des représentants du gouvernement. Ils souhaitent que Québec prenne en charge la somme de 40 millions retranchée à la STM en hiver, afin de combler son «déficit structurel».

Sans quoi, la Ville sera forcée de puiser dans les surplus qu'elle a accumulés au fil des ans pour éviter de tomber dans le rouge.

«Nous avons bon espoir que le gouvernement accédera à notre demande, a indiqué M. Forcillo. Les négociations se déroulent dans un cadre très respectueux.»