Dix ans après la crise du verglas, le cimetière Notre-Dame-des-Neiges va enfin réparer les ravages causés par le vent, la glace et les intempéries dans sa forêt. Une centaine d'arbres malades ou considérés dangereux seront abattus cet automne, a appris La Presse.

Pour chaque arbre mature coupé, la Fabrique de la paroisse Notre-Dame-des-Neiges prévoit en replanter un. Les nouveaux arbres seront à majorité des érables à sucre, auxquels s'ajouteront des chênes rouges. Ils permettront de remplacer une majorité d'érables de Norvège. Un investissement d'environ 75 000$, soit entre 700 et 800$ l'arbre.

Au cimetière, Yoland Tremblay, directeur général, a expliqué à La Presse que la moitié de l'abattage sera réalisé dans la partie la plus haute du site, près du bois de l'Ouest, chemin Remembrance. «Les arbres sont plus endommagés à cet endroit à cause de leur exposition aux vents», a précisé M. Tremblay.

Dans un avis «favorable» à l'abattage, le Conseil du patrimoine de Montréal (CPM) a salué le plan de reboisement du cimetière tout en émettant un bémol sur la quantité replantée. L'instance consultative de l'administration Tremblay estime qu'au lieu de «remplacer un arbre par un arbre», le cimetière aurait pu s'inspirer des ententes avec les autres institutions et la Ville de Montréal qui prévoient «minimalement un ratio de deux arbres pour un arbre abattu».

On donne pour exemple l'oratoire Saint-Joseph, dont l'entente avec la Ville, datant de 2003, stipule une compensation de cinq arbres plantés pour chaque arbre abattu. Selon le CPM, une initiative semblable aurait davantage été en accord avec le Plan directeur pour la gestion des arbres et des bois du cimetière, dévoilé l'an dernier. On note enfin qu'il serait souhaitable de donner une deuxième vie aux arbres malades qui ne sont pas dangereux, mais qui constituent des refuges pour les animaux, oiseaux nicheurs et insectes.

Selon le Plan, un document technique faisant le recensement des 5700 arbres du cimetière, excluant ceux du bois Saint-Jean-Baptiste, 1950 arbres seront plantés au cours des 10 prochaines années. De ce nombre, 150 le seront autour du nouveau mausolée, dont les travaux d'excavation ont commencé il y a deux semaines. À terme, le patrimoine arboricole aura augmenté de 36% au cimetière, le plus grand site institutionnel de la montagne.

Tout en souhaitant que la Fabrique tienne compte des recommandations du CPM, surtout celle concernant la récupération des arbres morts ou malades, Sylvie Guilbault, directrice des Amis de la montagne, ne peut que «féliciter» l'institution.

«On ne va pas tirer sur le cimetière, dit Mme Guilbault. C'est certain qu'en contrepartie, il y a la phase deux de la construction du mausolée. Mais on nous a assuré que les phases trois et quatre ne sont pas pour demain. Et nous sommes ravis de voir que le patrimoine naturel devient une marque de commerce des cimetières de la montagne.»

Une fois approuvé par l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, le plan d'abattage doit recevoir l'aval du ministère de la Culture. «Une formalité, a dit la porte-parole du Ministère, Colette Proulx. La signature de la ministre devrait être donnée la semaine prochaine.»