Réunis pour une conférence des présidents de circonscription, les militants péquistes ont fait une incursion inattendue dans l'arène municipale montréalaise sur les questions de la probité des élus et du bilinguisme des candidats à la mairie.

Unanimement, ils ont appuyé une proposition demandant aux députés péquistes d'envisager une «commission d'enquête publique sur la gestion de la ville», une fois que le vérificateur général aura produit son rapport.

«À Montréal, des fonctionnaires qui reçoivent des enveloppes d'argent, qui les refusent... Cela se voit. Des partis politiques qui ne nient plus l'existence du financement occulte et qui blâment la loi pour l'existence de ces pratiques, ça s'entend», a lancé Frédéric Lapointe, président de l'association de Crémazie, la circonscription de la députée Lizette Lapointe. Il parle sans hésiter d'un système de «corruption» systématique dans l'administration montréalaise.

«Il est grand temps qu'on trouve le moyen de faire la lumière sur ces pratiques qui sont depuis trop longtemps dans l'ombre... Il y aurait une commission d'enquête pour les mettre en lumière. On sait que le gouvernement libéral va refuser une telle chose. On connaît la raison. Il faut qu'on soit dans le camp de la probité, c'est l'histoire du Parti québécois; il faut qu'on y reste», a lancé M. Lapointe, dont la résolution a été adoptée.

Mais certains délégués, devant la force de la charge, l'ont clairement désapprouvée en chahutant son auteur. Même Pauline Marois, qui a voté en faveur de la résolution, a jugé que c'était aller trop loin. «J'ai voté pour la résolution, je n'ai pas entériné les propos de celui qui la proposait, je ne les partage pas», a-t-elle expliqué en conférence de presse.

Députée de Rosemont, Louise Beaudoin a tout de suite tenu à préciser à La Presse qu'elle réprouvait sans équivoque la lecture du président de Crémazie. Elle doit publier aujourd'hui un communiqué dans lequel elle accordera son appui à Jean Lavallée, ancien employé politique de Louise Harel devenu membre du comité exécutif sous l'administration de Gérald Tremblay, ainsi qu'à toute son équipe. «Son intégrité ne fait absolument aucun doute pour moi», a-t-elle soutenu à La Presse, ajoutant que son collègue de Gouin, Nicolas Girard, est du même avis.

La résolution adoptée hier laisse carte blanche au caucus péquiste pour décider s'il demandera ou non une enquête publique: «Pour faire la lumière sur les allégations dont est l'objet la Ville de Montréal, en particulier en ce qui touche l'attribution des contrats et la vente d'actifs immobiliers, il est proposé que la conférence nationale des présidents demande à l'aile parlementaire d'évaluer la pertinence de demander une commission d'enquête publique sur la gestion de la ville, à la suite du dépôt du rapport du Vérificateur.»

Par la suite, M. Lapointe a dit qu'il avait dû édulcorer passablement son texte pour que le comité de la conférence accepte de l'inclure dans les résolutions d'urgence. «Pas mal de monde au PQ travaillait pour que de grands noms se portent candidats à la mairie. Maintenant, on a Louise Harel», a expliqué M. Lapointe.

Les péquistes n'ont pas résisté à faire dans la course à la mairie de Montréal une autre incursion qui a eu l'allure d'un coup de pouce à la candidate Louise Harel, ancienne députée péquiste d'Hochelaga-Maisonneuve.

Les représentants des jeunes pour Montréal, Guillaume Raymond (Montréal Centre) et Antoine Lapointe (Ville-Marie), ont fait adopter, encore à l'unanimité, une résolution pour que le PQ «dénonce la mauvaise foi vis-à-vis de l'unilinguisme français durant la course à la mairie de Montréal».

Dès l'annonce de sa candidature, Mme Harel a dû faire face à des critiques acerbes de gens qui estiment qu'il faut aussi parler anglais pour être maire d'une ville cosmopolite comme Montréal.

S'il est utile de connaître plus d'une langue, cela ne doit «aucunement constituer un préalable pour diriger la métropole du Québec, où le français a le statut de seule langue officielle», précise le texte qu'ont adopté les militants.

Quand on soutient qu'il faut pouvoir parler anglais pour être maire de Montréal, «tout un peuple est attaqué!» a lancé Guillaume Raymond.