La construction de télécabines au-dessus du fleuve entre le Vieux-Port et Saint-Lambert est compromise. Après mûre réflexion, l'administration Tremblay a rejeté le projet de la compagnie Skylink, hier, jugeant qu'il est mal ficelé et qu'il ne cadre pas avec le paysage du Vieux-Montréal.

«Autant au plan patrimonial qu'aux plans urbanistique ou financier, on a de gros doutes sur le projet», a tranché le responsable du dossier au comité exécutif, Marcel Tremblay.Il estime que la construction de pylônes causera «des préjudices importants» à l'île Sainte-Hélène, un lieu patrimonial. Et même s'il reconnaît qu'il faut améliorer la circulation autour du parc Jean-Drapeau, il doute que les télécabines soient le meilleur moyen.

Les autorités municipales ont des réserves sur plusieurs autres aspects du projet. On reproche notamment au promoteur de ne pas avoir de plan d'affaires détaillé ni de projections sur l'accroissement du tourisme. Et le montage financier du projet restait nébuleux aux yeux des élus.

Dans un ultime effort, lundi, Skylink avait menacé d'investir ailleurs si Montréal ne lui donnait pas le feu vert avant le 18 juin. Hier, le promoteur s'est dit surpris par la décision de l'administration Tremblay: «On a beaucoup de difficulté à comprendre la décision de la Ville», a indiqué le porte-parole de Skylink, Luc Harvey.

L'entreprise affirme que le projet n'est pas mort. Elle négocie avec le Port de Montréal, qui ne relève pas de l'administration municipale, dans l'espoir d'aménager un terminal sur le quai Alexandra.

Mais Marcel Tremblay doute que ces pourparlers changent quoi que ce soit car, même si les autorités portuaires donnent leur aval à la construction du terminal, il faudra construire les pylônes dans les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame, ce que la Ville ne compte pas autoriser.

Le projet a reçu la bénédiction de la Société du Havre, de la Société du parc Jean-Drapeau et de la Société des commerçants du Vieux-Montréal.

Le promoteur estime que la construction des télécabines rapporterait 120 millions chaque année à Montréal. À titre de comparaison, le Grand Prix générait des retombées de 75 millions, et celles du Festival de jazz atteignent 44 millions.

Mais encore là, les autorités municipales sont sceptiques. «On a beau regarder tout cela, on ne voit pas comment ils pourraient y arriver», a affirmé Marcel Tremblay.