Montréal est suspendu aux lèvres de Louise Harel. Que ce soit les deux partis de l'opposition, Projet Montréal et Vision Montréal, qui la courtisent. Que ce soit le député bloquiste Réal Ménard, prêt à faire le grand saut en politique municipale. Ou que ce soit le maire Gérald Tremblay, qui se passerait bien de la candidature de l'ex-ministre péquiste. Tous attendent de savoir si elle veut être candidate à la mairie de Montréal, ce qui semble de plus en plus probable.

Tout d'abord, Projet Montréal a fait une proposition inédite à Louise Harel. «Dans l'éventualité où elle se présenterait comme indépendante à la mairie et qu'elle endosserait intégralement le programme et les candidats locaux de Projet Montréal, je l'appuierais et retirerais ma candidature à la mairie de Montréal», a annoncé hier Richard Bergeron. Pour le chef de Projet Montréal, cette alliance serait «la meilleure façon de remporter une victoire contre Gérald Tremblay pour mettre fin à l'immobilisme qui mine Montréal».

Mme Harel acceptera-t-elle à cette proposition? «C'est la grande question, dit Richard Bergeron. Je souhaite que oui. Mais notre programme est sacré. Est-ce que ça plaira à Mme Harel?»

Curieusement, alors que Projet Montréal fait du pied à Louise Harel, son chef a envoyé un courriel samedi soir à des militants leur disant que «la candidature de Louise Harel à la mairie n'est pas souhaitable pour Montréal». La situation a évolué, dit M. Bergeron, qui a écrit à Louise Harel pour rattraper cette gaffe.

Une autre option pour Louise Harel est de s'associer à Vision Montréal. Elle y trouverait des amis et des péquistes, ainsi qu'un parti aux structures établies. Selon un membre du parti, elle a tout intérêt à s'allier avec lui, car «le secteur Est de la ville lui sera assuré et le secteur Ouest sera favorable à Benoit Labonté grâce à ses anciennes relations».

Mais M. Labonté est candidat à la mairie. Céderait-il sa place? Mme Harel accepterait-elle d'être numéro 2? Un poste de présidente du comité exécutif lui permettrait d'avoir un réel poids politique et de prendre des initiatives, notamment au chapitre de la gouvernance. On a vu le rôle majeur qu'a tenu Frank Zampino à ce poste. Mais un numéro 2 agit dans l'ombre du numéro 1.

Réal Ménard intéressé

Autre inconnue: le député bloquiste Réal Ménard est prêt à quitter la scène fédérale pour se porter candidat à la mairie de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, le fief de Mme Harel. Il devait annoncer la nouvelle avec Union Montréal cette semaine, selon nos sources, mais il a été pris de court par la sortie de Mme Harel. Il a fait des démarches pour former une équipe dans cet arrondissement, contactant des élus en place.

Par contre, si Louise Harel est candidate, cela change la donne. «Je suis intéressé par la politique municipale et je surveille avec intérêt ce que Mme Harel va faire», a dit M. Ménard à La Presse, hier.

«Si Louise Harel y va, Réal Ménard ne pourra se présenter contre elle, ce serait immoral», a dit à La Presse un militant péquiste de longue date. «Ce ne serait pas immoral, réagit M. Ménard. Mais je suis d'accord avec le fait qu'elle et moi, on travaille ensemble depuis 25 ans, alors je ne serais pas à l'aise avec l'idée d'un rapport d'adversité avec Louise Harel.»

Une autre option pourrait être une alliance entre Réal Ménard et Louise Harel. Le bloquiste serait-il à l'aise de travailler avec elle?

«Je l'ai fait pendant 25 ans, dit-il. J'ai été son attaché politique, son secrétaire, son trésorier, son vice-président. Mais que propose-t-elle? Je ne le sais pas. Je ne considère pas que l'administration Tremblay ait un mauvais bilan. Je crois aux arrondissements. En même temps, j'ai des réserves sur la rue Notre-Dame.»

Souhaite-t-il que Mme Harel se lance?

Réal Ménard hésite avant de répondre: «Je ne pensais pas que Louise Harel avait un intérêt pour la politique municipale. Je lui reconnais évidemment de grandes qualités. Mais je ne peux pas répondre à cette question-là. Ça ne faisait pas partie de mon environnement intellectuel de souhaiter la candidature de Louise Harel.»

Enfin, Mme Harel pourrait favoriser l'option «Andrée Boucher»: se présenter seule, sans parti, en espérant rassembler autour d'elle suffisamment d'élus. Un choix qui avait réussi à l'ex-mairesse de Québec. Mais est-il applicable à Montréal? Mme Harel était créditée de 45% d'intentions de vote par un sondage Angus-Reid publié dans La Presse le 11 mai, contre 26% pour le maire Tremblay.

«Si, au sein du caucus des élus de Vision Montréal, on faisait aujourd'hui un vote secret pour savoir si l'on préférerait avoir Benoit Labonté ou Louise Harel comme candidat à la mairie, d'après moi, Louise gagnerait», a dit hier un membre de Vision Montréal sous le couvert de l'anonymat.

Louise Harel rencontrera Benoit Labonté aujourd'hui.