La Ville de Montréal n'est pas convaincue du bien-fondé des expropriations des 160 logements du quartier Saint-Henri, prévues par le ministère des Transports du Québec (MTQ), dans le cadre de la reconstruction de l'échangeur Turcot.

Lors d'une rencontre avec le Conseil régional de l'environnement de Montréal (CRE), hier, le responsable des transports et de l'aménagement urbain à la Ville de Montréal, André Lavallée, a dit souhaiter que les ingénieurs du MTQ «travaillent à refaire leurs devoirs», pour éviter le déménagement d'environ 400 personnes, dans l'arrondissement du Sud-Ouest.

 

Dans le cadre de la reconstruction de cet échangeur, qui relie entre elles les autoroutes A-15 (Décarie), A-20 (Jean-Lesage) et A-720 (Ville-Marie), des réaménagements de certaines bretelles alimentant l'autoroute du centre-ville (A-720) entraîneront la démolition d'une ancienne usine de la rue Saint-Rémi, convertie en logements, et la disparition de tout un côté de la rue Desnoyers, dans un petit secteur résidentiel de Saint-Henri appelé le Village des Tanneries.

Le MTQ a promis aux personnes délogées la mise en place d'un programme de déménagement. Cet engagement a toutefois été reçu de manière mitigée par un grand nombre de personnes concernées, lors de la première phase des consultations menées par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

En réponse à une question du public, M. Lavallée a déclaré hier, lors de la rencontre avec le CRE de Montréal, que la Ville n'a pas changé d'opinion depuis novembre dernier, lorsque le maire Gérald Tremblay a fait part de ses préoccupations à la ministre des Transports, Julie Boulet, face à cette reconstruction qui va durer sept ans, et dont le coût est estimé à 1,5 milliard.

«La position exprimée alors par la Ville de Montréal était très claire, a dit M. Lavallée. La nécessité des expropriations ne nous a pas été démontrée.»

M. Lavallée a aussi qualifié de «contestables» les données du MTQ, qui estiment que la mise en place de nouveaux services de transports en commun entraînera, au mieux, d'ici 2016, une réduction d'environ 5000 automobiles par jour, dans le trafic de l'échangeur, où passent quotidiennement plus de 290 000 véhicules.

«Je pense que la Société de transport de Montréal va démontrer, lors des prochaines audiences du BAPE, que le potentiel du transport collectif est beaucoup plus important que cela», a déclaré le responsable des transports à la Ville de Montréal.

Devant un auditoire attentif, respectueux, mais visiblement sceptique, M. Lavallée a assuré que la Ville va demander la mise en place de voies réservées aux autobus, aux taxis et aux covoitureurs, afin de réduire à la source le flot des automobiles de la banlieue qui envahissent quotidiennement la métropole.

«Ça fait 20 ans qu'on étudie ça au Québec, a-t-il déploré, et après 20 ans, il y a une seule voie réservée sur tout le réseau supérieur, c'est celle de l'A-15 à la sortie de Montréal, pour les gens qui vont dans le Nord les fins de semaine. À mon avis, c'est inacceptable.»

La Ville de Montréal présentera un mémoire sur le projet Turcot lors de la reprise des audiences publiques du BAPE, à partir du 15 juin.