Les scandales qui ont éclaboussé l'administration Tremblay-Dauphin ces derniers mois ont rebondi, lundi soir, au conseil du Plateau-Mont-Royal où des citoyens ont posé des questions sur le dossier du Faubourg Contrecoeur et sur l'influence du promoteur Paolo Catania dans l'arrondissement.

C'est la mairesse Helen Fotopulos qui a parti le bal lors de son préambule mensuel. Elle a dit que son ex-collègue du comité exécutif, Frank Zampino, avait commis «une erreur grave» en partant en vacances avec le promoteur Antonio Accurso, alors qu'une des entreprises de ce dernier était en course pour obtenir un contrat record de la Ville. Ce qu'elle a par la suite obtenu.

Mme Fotopulos a ajouté qu'elle était «dégoûtée que cette erreur de M. Frank Zampino soit utilisée pour salir tous les politiciens et tous les dossiers qu'il a touchés». Et elle a dit que les membres d'Union Montréal du Plateau-Mont-Royal «ont toujours fait preuve de la plus haute probité» et que cela s'applique à Josée Duplessis et Richard Bergeron, tous deux de Projet Montréal.

Lors de la période des questions, le citoyen Jean Tilly a proposé que le conseil d'arrondissement pose un geste afin d'exprimer un soutien à l'ex-directeur de la Direction des stratégies et transactions immobilières (DSTI) à la Ville de Montréal, Joseph Farinacci. Celui-ci a démissionné de son poste après avoir constaté que le directeur général de la Ville, Claude Léger, et le président du comité exécutif, Frank Zampino, étaient d'accord avec les conditions de vente des terrains du Faubourg Contrecoeur au groupe Catania par la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM), des conditions que M. Farinacci considérait comme étant désavantageuses pour la Ville de Montréal.

«Finalement, M. Farinacci est le grand perdant de ce dossier, a dit M. Tilly. Je propose de le dédommager pour toutes les souffrances qu'il a dû subir.» La mairesse Fotopulos a répondu que ce n'était pas le rôle de l'arrondisement que de se poser en tribunal dans ce dossier. Le conseiller Bergeron a ensuite pris la parole pour dire que «monsieur Farinacci peut marcher la tête haute». «C'est lui qui a payé à l'interne pour ne pas avoir fermé les yeux, a dit M. Bergeron. Votre proposition est tout à fait opportune pour souligner la très haute probité de M. Farinacci. S'il y avait une médaille d'honneur pour services rendus, M. Farinacci la mériterait.» Il n'y a toutefois eu aucune résolution de prise par les élus majoritaires d'Union Montréal sur cette proposition de M. Tilly.

Quelques instants plus tard, la citoyenne Nimâ Machouf a demandé: «jusqu'où va l'influence de Catania dans l'arrondissement?» Elle a dit avoir appris que le promoteur Catania avait commandité la confection d'un cahier souvenir accompagnant un événement de l'arrondissement.

La mairesse et la conseillère Isabel Dos Santos ont confirmé ce fait et ont expliqué que cet événement est l'installation récente sur le boulevard Saint-Laurent de bancs commémorant la présence de la communauté portugaise dans l'arrondissement.

La mairesse a dit que cela s'inscrivait dans le cadre du projet de rénovation du boulevard, du ressort de la ville centre.

«Catania a gagné beaucoup d'argent en faisant le boulevard, a dit Mme Dos Santos. C'est une contribution minime. C'est nous qui avons reçu une petite enveloppe.» Mme Dos Santos a ajouté ensuite que ce qu'elle voulait dire c'était que ces grandes entreprises faisaient parfois des dons généreux à la communauté afin de la remercier en quelque sorte et pour jouer leur rôle de citoyen corporatif.

Comme la citoyenne insistait, la mairesse a dit «qu'on ne les connaît pas plus que ça». Mais Richard Bergeron a alors ajouté «ici, c'est un petit cadeau...ils semblent être partout et influents dans le financement d'Union Montréal».

Le citoyen Alex Norris, ex-journaliste à The Gazette, a alors continué sur le même sujet en demandant à la mairesse et au conseiller Michel Prescott (également d'Union Montréal) s'ils allaient «recommander à (leurs) collègues du conseil municipal que le vérificateur général de Montréal fasse enquête» sur les contrats de rénovation du boulevard Saint-Laurent et du carrefour Du Parc-Des Pins.

M. Norris avait précédemment fait remarquer que ces contrats avaient été accordés à «Tony Accurso et Catania».

Le conseiller Michel Prescott a alors pris la parole pour dire que ces entreprises, celle de Paolo Catania et celles de Tony Accurso (il a cité Simard-Beaudry), sont «des grandes entreprises de construction» qui font des contrats partout au Québec.

Il a ensuite estimé que ce genre de question était «insidieuse» et qu'à sa connaissance, «il n'y a pas eu d'irrégularités» dans ces deux contrats.

Le citoyen Norris est alors revenu à la charge en demandant à Mme Fotopulos et à M. Prescott de dire à combien de reprises ils avaient tous les deux sollicité de l'argent à M. Accurso et à M. Catania, «et dans quelles circonstances».

Visiblement irrités par cette question, les deux élus ont dit ne pas connaître les deux promoteurs.

«N'essayez pas de nous traîner dans la boue», a lancé M. Prescott au citoyen en essayant de garder son calme.